René Depestre est né en 1926 en Haïti, à Jacmel. Il faisai ses études primaires chez les Frères de l’Instruction chrétienne. Son enfance restera toujours une source d'inspiration : « Chaque fois que je prends la plume, je suis aussitôt projeté dans un matin jacmélien frémissant de lumière et de chants d’oiseaux », declarait Rene Depestre.. Sa mère lui faisait découvrir des cérémonies vaudou. En 1936, son père décède, il allait alors vivre chez sa grand-mère qui le placait comme apprenti tailleur ; il apprenait alors la coupe et la couture.
De 1940 à 1944, il faisait ses études secondaires au lycée Alexandre-Pétion à Port-au-Prince. En 1942, alors que René Depestre etait en classe de troisième, il se liait d'amitié avec le poète cubain Nicolás Guillén. En 1945, il créait, avec d'autres jeunes intellectuels haïtiens la revue littéraire La Ruche et publiait un premier recueil de poèmes, Étincelles. Durant cette epoque Il recevait a Port-au-Prince la visite d'André Breton sur invitation de Pierre Mabille. En 1946, il participait avec Gérard Lafontant et Gérald Bloncourt au mouvement révolutionnaire qui renversait le pouvoir du president Élie Lescot. Lors de l'accession au pouvoir de la junte militaire presidee par Paul Eugene Magloire, il a ete arrete, emprisonne puis exile.
Il s'installait à Paris où il faisait des études de Lettres et de Sciences Politiques à la Sorbonne entre 1946 et 1950. Il résidait alors au pavillon de Cuba à la Cité Universitaire Internationale et y rencontrait de nombreux Cubains, ce qui forgeait son amour pour ce pays voisin d'Haïti. Il côtoyait aussi des poètes surréalistes et s'intéressait de près au mouvement de la négritude et prônait une ouverture qui debouchait par la suite sur l'antillanité théorisée par son ami Édouard Glissant. La theorie de l'antillanite de Depestre donnait naissance à la notion de créolité développée plus tard par Raphaël Confiant. Il croisait la route de Leopold Sedar Senghor et entamait une longue relation d'amitié avec Aimé Césaire. Très proche des mouvements de la décolonisation, il a ete expulsé du territoire français.
Il partait pour la Hongrie avec sa femme, Edith Gombos Sorel, Juive d'origine hongroise, qu'il a épousée en 1949. Elle apparaîssait dans ses poèmes sous le nom de Dito3. Il s'installait à Prague qu'il laissait en 1952. Il s'installait a Cuba par la suite mais le régime de Fulgencio Batista l'expulsait. Il voyageait dans plusieurs pays et résidait notamment au Brésil et au Chili où il organisait avec ses amis Pablo Neruda et Jorge Amado le Congrès continental de la culture. A la suite du sejour a Paris où il participait au Congrès des écrivains et artistes noirs en 1956, il revenait finalement à Cuba en 1959, à la suite de l'invitation de son ami Nicolás Guillén et de Che Guevara.
Il travaillait avec Che Guevara sur un projet de débarquement à Haïti pour y chasser la dictature de "Papa Doc". L'opération a ete finalement annulée par Fidel Castro après l'échec d'un débarquement similaire mené en République dominicaine contre Trujillo.
Il continuait à écrire des poésies et publiait notamment "Minerai noir" en 1956, traduit en russe en 1961 par Pavel Antokolski, dans lequel il évoquait les souffrances et les humiliations de l'esclavage.
S'il reconnaîssait au régime de Fidel Castro le combat pour la décolonisation totale de l'Afrique et l'abolition du racisme institutionnel à Cuba, il critiquait cependant le manque de liberté d'expression. Depestre etait responsable de l'imprimerie nationale et ce poste lui permettait d'effectuer de nombreux voyages dans le monde communiste, au cours desquels il rencontrait notamment Hô Chi Minh et Mao Zedong. Durant ses vingt années à Cuba, il reconnaissait des acquis sur le plan de la santé, de l’éducation, de l’émancipation des femmes de la revolution cubaine. En 2016, il se considèrait toutefois réconcilié avec Cuba.
René Depestre laissait Cuba et s'installait à Paris en 1978 avec sa seconde épouse, la cubaine Nelly Compano. Il y travaillait de nombreuses années pour l'UNESCO grâce à la recommandation d'Amadou-Mahtar M’Bow.
René Depestre poursuivait son œuvre d'écrivain-poète à Lézignan-Corbières où il s'installait dans les années 1980. En 1988, il a reçu le prix Renaudot pour son roman "Hadriana dans tous mes rêves", le prix du roman de la Société des gens de lettres et le Prix du roman de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique. En 1991, il remportait le Prix Tchicaya U Tam'si pour la poésie africaine, et en avril 2007, il etait le lauréat du prix Robert Ganzo de poésie pour son livre "La rage de vivre" édité aux éditions Seghers.
Quelques oeuvres de Rene Depestre:
Poésie Étincelles, Port-au-Prince, Imprimerie de l'État, 1945.
Gerbe de sang, Port-au-Prince, Imprimerie de l'État, 1946.
Végétations de clarté, préface d'Aimé Césaire, Paris, Seghers, 1951.
Traduit du grand large, Paris, Seghers, 1952.
Minerai noir, Paris, Présence Africaine, 1956.
Journal d'un animal marin, Paris, Seghers, 1964.
Un Arc-en-ciel pour l'Occident chrétien, Paris, Présence Africaine, 1967.
Cantate d'octobre, édition bilingue, La Havane, Institut du Livre ; Alger, SNED, 1968.
Poète à Cuba, préface de Claude Roy, Paris, Oswald, 1976.
En état de poésie, Paris, Éditeurs francais reunis, 1980
Ce poste a ete redige a partir de donnees de la page: Les non dits de l'histoire,
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