Plusieurs nouveaux mots dans le creole haitien sont lies a la politique. On se souvient du mot “dechoukaj” utilise dans le mouvement de revolte contre Duvalier. Rene Theodore dans ses emissions sur radio Moscou employait tres souvent l’expression “nan mouvman dechoukaj Duvalier”. Apres la chute de Duvalier en 1986 le mot fut employe systematiquement dans le vocabulaire haitien car a cette epoque on dechouquait les macoutes. Plus tard etant donne que le regime Duvalier ne faisait que changer de mains avec le Conseil du gouvernement, Namphy, Avril, etc on continuait a dechouquer ces regimes duvalieristes dictatoriaux. Depuis la chute de Duvalier jusqu’au demantelement de l’armee cette derniere recuperait la lutte du peuple par des coups d'etat.
Durant chaque regime politique de nouveaux mots prennent naissance. Evans Paul, militant et leader politique, tres anti-duvalieriste a l’epoque, caracterisait la situation politique des regimes politiques post-duvalieriens de “dan pouri". Durant cette epoque l’armee se convertissait en gangs pour piller les maisons et les magasins. Ces gangs s’appellaient “zenglendos”.
Plus tard sous le gouvernement d'Aristide prennent naissance des mots tels “kokorat” et “chime”. Ce dernier mot m’intriguait tellement qu’avant les elections de 2010 lors d’une rencontre politique d’Aimer Haiti, un groupement politique ou l’un de leur leaders est Jean Henry Ceant, ancien candidat a la presence, j’ai demande a un ancien ministre d’Aristide ou de Preval, un avocat, de definir pour moi le mot “chime”. Je ne pouvais pas comprendre que ce mot pouvait caracteriser systematiquement des gens pratiquant la violence car le mot “chime” derivait du mot “chimere”, signifiant colere. De tres souvent on entendait dire: “un tel an chime” pour signifier que quelqu’un est en chimere. Ceci est normal car diverses situations peuvent provoquer la mauvaise humeur chez les gens. De ce fait il existe des billions de “chime” a travers le monde.
J’ai une conversation avec cet ancien ministre ou l’on s’entendait que les “chime” representaient une categorie des demunis. Ces gens se levent le matin en colere car ils ne savent pas comment ils vont trouver a manger durant la journee. Ces gens peuvent decider toutes sortes d’actions. Ils peuvent decider qu’ils vont faire le tour des ministeres pour demander aux gens. D’autres peuvent demander un emprunt aux amis. D’autres quittent la maison et reviennent a la maison avec leur lot de provisions pour donner a manger a leur famille sans qu’on sache quelles actions ils entreprenaient pour avoir de l’argent. D’autres peuvent s’engager dans des actions politiques telles des manifestations (parfois violentes) pour pouvoir changer leur situation. Une categorie peut entreprendre des actions malhonnetes telles “voler” par exemple. Dire que tous les “chime” sont des gens violents serait une grave erreur.
Un autre terme est le mot “kokorat”. Je ne suis pas sur de la definition de ce mot mais j’assume qu’il caracterise des gens pauvres et les actions maladroites de ces dernieres. L’ironie de cette situation est que ces mots sont utilises par des gens ayant la responsabilite de changer la situation des gens pauvres et ils utilisent les caracteristiques de ces dernieres pour les exclure de la societe. Rien d’etonnant a ce que nous ayons des regimes politiques perennisant la pauvrete et faisant des actions demagogiques comme celles de Jean-Claude Duvalier, la fondation Michele Bennet Duvalier et aujourd’hui celles de Martelly et de sa femme.
Sur le gouvernement de Preval prennaient naissance des mots tels “grangou klorox”, “acid batri”, “goudougoudou”.
Sur le gouvernement actuel prennant naissance des mots tels “zokiki” pour caracteriser des adolescentes pratiquant la prostitution. Mais les mots les plus utilises aujourd’hui sont “aloral” et “ateri”. Ces expressions prennent naissance d’un groupe carnavalesque et ont ete popularisees par ce groupe tres critique du gouvernement de Martelly et de ce fait exclus du carnaval de fevrier 2013. Lors de l’invitation de Martelly aux leaders politiques Evans Paul declinait gentiment son invitation en disant que Martelly assouplissait ses declarations dans son allocution diffusee dans la presse au lendemain du boycottage de la rencontre politique. Mais tres vite Martelly allait decevoir Evans Paul car il disait que les leaders politiques ont de la chance parce qu’il est elu par le peuple sinon il leur dirait: “sa Cassagnol te di bef la”. Evans Paul s’est sans nul doute assagi sinon il aurait caracterise cette situation politique de “dan pouri” au lieu de feliciter Martelly pour l’assouplissement de son comportement
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