Suivez l'argent, dit le vieil adage du journalisme d'investigation. Une journaliste dominicaine qui ne fait que se battre, s’est colletée à des dizaines de documents financiers de certaines entreprises de construction Dominicaines. Les résultats de ce qu’elle a découvert sont choquants.
Au cours de l'année 2011, Michel Joseph Martelly, en tant que candidat, président élu, et président d'Haïti, a reçu près de 2,6 millions $ en une douzaine de paiements environ, la plupart en “cash,” d'un sénateur Dominicain nommé Félix Bautista, selon un rapport explosif télévisé du 31mars, présenté par la journaliste vedette de la télévision Dominicaine Nuria Piera.
Les pots de vin présumés étaient vraisemblablement liés à l’assurance d’obtenir trois contrats pour des travaux publics post-séisme d’une valeur de plusieurs millions, remportés dans des conditions douteuses, par des entreprises de construction Dominicaines contrôlées par Bautista, selon le rapport de Nuria et des documents du gouvernement haïtien obtenus par Haïti Liberté.
Les allégations arrivent alors que le président Martelly est déjà assailli par une enquête du Sénat haïtien cherchant à déterminer si lui et son candidat au poste de Premier ministre, Laurent Lamothe, détiendraient ou détiennent de fait une double citoyenneté, ce qui est interdit par la loi haïtienne.
Si les charges de Mme. Nuria s’avèrent vraies, entièrement ou même partiellement, elles peuvent porter un coup mortel à la présidence de Martelly. Déjà, le député Arnel Bélizaire, qui a été arrêté illégalement en Novembre dernier sur ordre de Martelly, dit qu'il s’apprête bientôt à convoquer la Haute Cour de Justice du Parlement en vue de destituer le président. Un autre député, Tholbert Alexis, a déclaré à Scoop FM qu'il ferait pression pour mettre sur pied une commission spéciale devant examiner les allégations de Nuria Piera.
Plusieurs paiements à Martelly proviennent prétendument de comptes bancaires de deux entreprises appartenant à Bautista qui ont décroché des contrats importants en Haïti. Il revient à Constructora Hadom la reconstruction du Palais législatif d'Haïti, détruit durant le tremblement de terre du 12 janvier 2010, au coût de 33,77 millions de dollars; tandis que Constructora Rofi SA a été choisie pour construire un nouveau complexe d’habitation dans le quartier de Fort National dévasté par le tremblement de terre pour la somme de 174,31 millions de dollars. Construcciones y Diseños R.M.N. SA, également liée à Bautista, a remporté un contrat de 135,31 millions pour construire un complexe d’habitation au Bowen Field, l'ancien aéroport militaire d’Haïti au bas de Delmas.
En bref, tous les trois contrats, totalisant 343,32 millions de dollars, ont été accordés à trois sociétés appartenant complètement ou liées au sénateur Félix Ramon Bautista Rosario, qui est aussi le secrétaire du Parti de libération dominicain (PLD), dirigé par le président Leonel Fernández. Bautista détient 98% de Constructora Hadom , ainsi que le montrent les documents de Nuria. Bautista est également propriétaire de Constructora Rofi. Deux associés très proches de Bautista, Rosalin Marta Novas et José Bolivar Ventura, sont les propriétaires de Construcciones y Diseños RMN.
Toutefois, les contrats, approuvés le 8 novembre 2010 par l'ancien Premier ministre Jean-Max Bellerive, ont été la cible d'un audit par le Premier ministre de Martelly, Garry Conille, que Washington avait imposé à Martelly en octobre 2011. Mais Martelly a forcé Conille à démissionner en février 2012, après son refus d’arrêter la vérification de ces trois contrats (et 38 autres avec des entreprises dominicaines), comme le président lui avait ordonné.
Depuis des semaines, des rumeurs circulaient en Haïti et en diaspora à l’effet que Conille avait été congédié pour avoir entrepris l’audit contenant des informations préjudiciables à la fois à Bellerive et à Martelly. Mais dans une note du 3 avril, du Cabinet de Communication de Martelly, le président a prétendu qu'il est celui à avoir insisté qu’il y ait un audit « qu'il ne l’aurait jamais exigé s'il était en collusion avec les bénéficiaires de ces contrats jugés douteux par son gouvernement. »
Le Président Martelly a nié les accusations de Mme. Piera dans des “Tweets” qu’il a envoyés à environ 19 heures le 2 avril. « La Présidence de la République rejette catégoriquement les allégations selon lesquelles le Président de la République S.E.M. Michel Joseph Martelly, aurait été mêlé à une quelconque affaire de corruption impliquant des firmes ou des personnalités de la République Dominicaine, » a écrit Martelly via Twitter, qualifiant le reportage de Mme. Piera « d’accusations fantaisistes portées injustement contre le Chef de l'Etat » et de « lynchage médiatique du Président de la République », qui « font partie d’une vaste campagne d’intoxication de l’opinion publique visant à salir l’image du Président Martelly et à porter atteinte à son intégrité ».
Les Tweets de Martelly ont conclu en disant: « cette attaque en règle menée contre la personne du Chef de l'Etat participe d'une démarche tendant à faire obstacle à la politique de changement et de modernisation de l'Etat que le Président de la République commence à instaurer dans le pays. »
Le soir même, le porte-parole de Martelly, Lucien Jura, a pris la parole à la radio pour nier le reportage de Mme. Piera.
Le reportage de Nuria a déclaré que Mirlande Manigat, l’adversaire de Martelly au deuxième tour présidentiel du 20 mars 2011, a également reçu un paiement en cash de 250.000 $ le 18 février 2011. Le responsable de la campagne de Manigat, le sénateur Youri Latortue, a prétendu qu'il ne savait rien du paiement. Mme. Manigat a également nié avoir reçu une telle somme, elle ou son équipe de campagne. « Ils disent que c'est une journaliste crédible, mais elle s’est trompée, » a dit Manigat.
La semaine dernière, dans une réponse à un article en Haïti Liberté, Bellerive a également dénoncé les critiques des contrats comme « une campagne de presse, de toute évidence commanditée » et une « opération de lynchage médiatique », arguant qu’en « fonction de leur proximité géographique, les firmes dominicaines se trouvaient en bonne position pour obtenir des contrats. »
Cependant, une source haut placée basée en République dominicaine et qui a renseigné Haïti Liberté sur les offres d'appel et les contrats a été outragée. « L’appel d’offres fermé avec trois sociétés appartenant à la même personne est un cauchemar », a t-il dit, en proposant l'analyse suivante. « Je crois que l'Oncle Sam a été concerné du fait que l’ampleur évidente du scandale pourrait décourager les bailleurs de fonds internationaux à donner plus d'argent pour le pays ... Bellerive a été négligent... Le PM [Conille] dans un premier temps ne se disposait pas à aller faire une chasse aux sorcières, mais a tout simplement essayé d'annuler ces contrats de façon à les refaire. Je ne pense pas qu'il était prêt à endosser cette catastrophe. Mais le Président s’est offensé de son enquête. »
Les contrats ont été approuvés par un comité composé de Michel Content, Lionel Grand'pierre, et Hervey Day. Tous les trois sont de proches collaborateurs de Bellerive. M. Day, qui a dirigé le comité, est le cousin de Bellerive. Plus tard, M. Day sera nommé par le Président Martelly ministre de la Planification, un poste également occupé par Bellerive, alors qu'il était Premier ministre. Conille avait également voulu obtenir le poste de ministre de la Planification, mais Martelly le lui a refusé. C’est un poste clé, car le ministère de la Planification gère la plupart des contrats de reconstruction.
« Il est vrai que Félix Bautista nous a présenté plusieurs entreprises dominicaines parce que nous avions demandé à Leonel Fernández de nous aider à trouver des entreprises prêtes à travailler tout de suite - même sans paiement d'avance,» a dit Bellerive au Miami Herald, ajoutant qu'il « ne savait pas que [Bautista] était propriétaire d'actions dans ces différentes sociétés. »
La Direction nationale de la République dominicaine des Poursuites pour Corruption Administrative a dit au Herald qu'il était maintenant en train d’enquêter sur Bautista, représentant de San Juan de la Maguana, pour corruption.
Le reportage de Mme. Piera a également souligné des pots de vin apparemment payés à de nombreux fonctionnaires de haut rang dans le PLD et le gouvernement Dominicain.
Le rapport souligne également que le sénateur Bautista est fabuleusement riche, possédant de l'immobilier en République dominicaine valant environ $ 10,440,000 dollars.
Bautista a également nié toute infraction à la loi, mais possède un passé très compliqué. En 2000, il a été emprisonné pour corruption et mauvaise gestion de fonds gouvernementaux, et a été inculpé sur les mêmes accusations en 2007. Il a également été mis en examen pour des liens avec le fameux baron de la drogue de Porto Rico, Agosto Figueroa.
Nuria Piera allègue que les versements effectués par les entreprises de Bautista à Michel Martelly se sont présentés comme suit:
● Le 17 mars 2011, trois jours avant l'élection présidentielle en Haïti, $ 300.000 et $200.000 ont été transférés du compte bancaire. # 240-005129-7 de Diseño de Obras y Electo Civiles ou DOCE, que Bautista possède.
● Le 4 avril 2011, $300.000 dollars directement, et un autre $300 000 en cash par l'intermédiaire de Ricardo Jacobo, ont été livrés par la banque de DOCE Acct. # 240-005129-7.
● Le 3 novembre 2011, $100.000 ont été transférés de la banque de DOCE Acct. # 240-005129-7.
● Le 5 novembre 2011, $150.000 ont été versés à partir du compte n ° 766-215511 de Constructora Hadom au Banco Popular.
● En 2011, des paiements de $400,000, $300.100, et $100.000 ont été effectués à partir de Constructora Rofi à un numéro de compte Unibank 0102-1012-0009423393.
● En 2011, un autre paiement de $37 000 a été transféré de Constructora Rofi en cash par Victor Reynoso.
Le montant total transféré par les entreprises contrôlées par Bautista à Martelly en 2011 ont été de $2,587,100, selon « seulement les documents que nous avons en notre possession », a rapporté Nuria Piera, en suggérant qu'il pourrait y avoir eu encore plus de pots de vin. On dit que son programme "Nuria Investigación" est le programme le plus regardé de la télévision en République dominicaine .
Haiti Liberte
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