Rien n'a changé dans la position de l'éxécutif et du groupe des 16 sénateurs anti-Gousse, malgré les rencontres interminables de la semaine dernière. Au Cap-Haïtien, dimanche, où il a été attaqué par des individus qui ont lancé des pierres et des tessons de bouteille, le chef de l'Etat a réaffirmé son soutien à Bernard Gousse. En réplique, les sénateurs Desra Simon Dieuseul, Moïse Jean-Charles et Kely C. Bastien reviennent à la charge : impossible d'avoir un gouvernement cette semaine, Gousse n'a aucune chance de passer au Sénat...Retour à la case départ.
Personne ou presque ne sait quelle a été la base de ladite entente annoncée dans la nuit de jeudi à vendredi dernier par le président Martelly et le groupe des 16 sénateurs anti-Gousse. Après des jours de négociations entre les deux pouvoirs, ils reviennent à leur premier amour: le conflit. « Me Bernard Gousse ne fera pas le retrait de sa candidature. Si le Premier ministre désigné doit désister, il le fera lors de sa présentation au Parlement », a soutenu Michel Martelly dimanche au Cap-Haïtien.
Selon des sources concordantes au palais national, contactées par Le Nouvelliste, lors des différentes négociations à l'hôtel Karibe entre le président Martelly et le groupe des 16 sénateurs anti-Gousse, ces parlementaires ont clairement exigé le retrait de Me Gousse comme condition pour poursuive les pourparlers. « C'était un voeu de leur part... », a déclaré nos contacts, comme pour dire que Martelly n'avait donné aucune garantie en ce sens.
Après ses dernières déclarations dans la deuxième ville du pays, tout ce qu'avaient annoncé vendredi dernier le chef de l'Etat et le leader du groupe des 16 sénateurs en guise d'entente s'écroule comme un château de cartes. Contrairement à ce qui avait été annoncé, un nouveau gouvernement ne serait pas possible cette semaine, ont avancé les sénateurs Moïse Jean-Charles et Kely C. Bastien. Pour le premier, il est mathématiquement impossible, quel que soit le consensus trouvé.
« C'est vrai que nous sommes en pourparlers et des discussions se font sur le choix d'un autre Premier ministre...On ne sait pas ce qui va se passer. Nous avons affaire à un président ''mètdam'', on ne sait pas ce qu'il a dans la tête », a critiqué le sénateur Moïse Jean-Charles sur les ondes de plusieurs stations de radio de la capitale dont Magik 9. Selon lui, d'autres rencontres sont prévues cette semaine avec le chef de l'Etat, et ce ne sera qu'après la poursuite des négociations qu'ils sauront quand le pays pourra avoir un gouvernement.
Pour sa part, le sénateur Bastien a révélé que le groupe des 16 avait suggéré à Bernard Gousse d'abandonner la course vers la Primature. Après les dernières déclarations du président, le parlementaire dit constater qu'ils n'avancent pas et que la séance sur la ratification du choix de Me Gousse doit avoir lieu. Une séance qui aboutira à un vote qui reflétera la position initiale du groupe des 16.
« Si Me Gousse ne se désiste pas on perd notre temps. Si on veut continuer à perdre du temps, laissons le processus suivre son cours, il aboutira de toute façon à un vote défavorable. Maintenant, si on veut gagner du temps, M. Gousse pourrait désister de son propre chef... Le président doit accepter le principe d'une cohabitation... », a renchéri le sénateur Desra Simon Dieuseul, également membre du groupe des 16.
Après la première rencontre qui a duré plus de 7 heures le mercredi 20 juillet entre les deux parties antagoniques, elles se sont mises d'accord pour, nous citons : « faire le retrait de leur position initiale en vue d'avancer avec les négociations sur d'autres bases ». Visiblement, et l'exécutif et les parlementaires anti-Gousse sont revenus à leur premier amour.
« Nous avons fait le retrait de nos positions (le président et le groupe des 16 sénateurs) afin de continuer à travailler pour doter le pays d'un gouvernement le plus rapidement possible. Qui sait, avec Bernard Gousse. Qui sait, avec quelqu'un d'autre... », avait déclaré le sénateur Joseph Lambert.
La deuxième rencontre tenue vendredi dernier, toujours à l'hôtel Karibe, leur a permis d'annoncer la formation d'un gouvernement cette semaine. Suite aux rebondissements de ces dernières heures, il semblerait que tous ces jours de discussion et de négociations n'ont servi à rien dans la marche vers la ratification du choix d'un Premier ministre. Retour à la case départ.
Les jours passent, les négociations sans effet se poursuivent, le pays est toujours sans gouvernement.
Robenson Geffrard, Le Nouvelliste
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