lundi 24 décembre 2012

Bilan de l'annee 2012: les E sont vides


L'année 2012 est marquée par une série de scandales, de conflits, de crises, de désastres aussi bien humains que naturels.
I. PLAN POLITIQUE
Conquis au nom du changement et basé sur un programme axe sur 5 «E» : Education, Emploi, Environnement, État de Droit et Énergie, le Pouvoir Exécutif s'est enlisé dans une série d'affaires, de conflits, de scandales et de crises à répétition, entrainant dans son sillage les deux (2) autres Pouvoirs de l'Etat : le Législatif et le Judiciaire .

A. POUVOIR EXECUIF

Depuis l'adoption de la Constitution du 29 mars 1987, le Peuple haïtien soupire après un changement qui tarde à se concrétiser.
Pour la Vérité et pour l'Histoire, c'est l'homme d'affaires Daniel Gérard Rouzier qui, désigné Premier Ministre par le Président Joseph Michel Martelly, avait synthétisé et résumé le programme du Gouvernement en 4 «E», auxquels est venu se greffer un cinquième. Dans ses interventions publiques, il avait clairement indiqué qu'il allait s'inspirer des recommandations du rapport de la Commission sur la Compétitivité, formée sous le Gouvernement de René Préval, pour étoffer son programme de Gouvernement. Mais on connait le sort réservé au choix de Monsieur Rouzier.
Parmi les quatre (4) Premiers Ministres désignés par le Président Joseph Michel Martelly, deux (2) ont bénéficié des faveurs du Parlement. Il s'agit de Garry Conille et de Laurent Salvador Lamothe. Durant les quatre (4) mois passés comme Chef de Gouvernement, Monsieur Conille n'a pas eu le temps de doter les 5 «E» d'un contenu réel.

1. Des «E» Vides.

Contrairement au Président Préval qui avait formé des Commissions pour réfléchir sur des thèmes d'intérêt commun, le Président Martelly change de méthode. Il a opté plutôt pour l'organisation de semaines de réflexions sur ces thèmes. C'est ainsi qu'il y a eu consécutivement des semaines de réflexion sur le Tourisme, la Construction, l'Éducation, le Logement, l'investissement, etc. Mais aucun document n'est sorti de ses réflexions. Sous le Gouvernement dirigé par le Premier Ministre Lamothe, les réunions se sont accélérées. Il ne se passait une semaine sans qu'il ne fût organisé un colloque ou un séminaire dans un des hôtels de la zone métropolitaine de Port-au-Prince.
Pourtant, les «E» sont vides. Les slogans ont pris le pas sur les programmes :
a) Éducation : le problème est mal posé. La question de l'adéquation entre l'offre et la demande scolaire et celle de la qualité de l'enseignement ne sont pas abordées ;
b) Emploi : il n'existe ni politique ni programme tendant à créer des emplois et à réduire le chômage dans le pays ;
c) Environnement : encore absence de politique et de programme destinés à réduire la vulnérabilité du pays dans ce domaine ;
d) État de Droit : la primauté du droit et l'égalité de tous devant la Loi sont des vœux pieux ;
e) Énergie : c'est la confusion. Personne ne sait qui du nouveau Ministre délégué a l'Energie, qui de l'ED'H est chargé de la définition de la politique dans ce domaine crucial.
C'est plutôt la propagande politique qui occupe l'espace médiatique. Cette propagande s'articule autour de slogans creux comme «Ti Manman Chérie, Aba Grangou, Katie Pam Poze, Banm Limie Banm Lavi, Ede pep, etc. » Les Conseils de Gouvernement et des Ministres sont retransmis en direct à la radio et à la télévision. La Télévision Nationale cesse d'être «la Chaine du Service Public». Elle est devenue depuis sa fusion avec la Radio Nationale et le changement à la tête de sa Direction Générale, «tantôt «la vue et l'image du changement», tantôt le son et la vue de la Nation.» D'autres stations de Télévision privées lui ont même emboité le pas. Serait-on revenu au temps des «Affaires publiques» sous Duvalier ?

2. Affaires, Scandales, et Conflits

L'année 2012 débute sur un conflit latent entre les Pouvoirs Législatif et Exécutif. La rentrée Parlementaire du deuxième lundi de janvier 2012 s'annonçait chaude. Avant son ajournement, la Chambre des Députés avait promis de se prononcer sur le cas de l'arrestation du Député Anel Belizaire. Rien n'en fit! Les quatre cent millions de gourdes, débloqués à l'occasion des fêtes de fin d'année, ont eu raison de l'affaire Belizaire.

C'est plutôt le Sénateur du Nord, Moise Jean-Charles, qui passait à l'action en remettant en question la nationalité du Président de la République et de certains Ministres et Secrétaires d'Etat du Gouvernement Martelly-Conille. D'entrée de jeu, le Senat avait décidé de former une commission d'enquête sur la question. Cette commission avait axé son travail sur l'analyse des documents de voyage de tous les membres du Pouvoir Exécutif. Cette question de nationalité a créé beaucoup de tension et de confusion au sein du Pouvoir Exécutif. Le Président de la République et certains Ministres étaient contre la soumission des documents de voyage à la Commission Sénatoriale d'enquête. Mais, le Premier Ministre Conille était pour. Jusqu'à présent, on attend le rapport de la Commission Sénatoriale.
D'autres conflits interpersonnels s'accentuaient au sein du Pouvoir Exécutif. Le Premier Ministre Garry Conille affichait ouvertement des différences de vue très marquées avec le Président de la République sur des points comme l'arrestation du Député Belizaire, la double nationalité et la publication de la Constitution de 1987 amendée.
M. Conille a rendu visite au Député Belizaire au Pénitencier National le soir de son arrestation. Il était pour la communication des passeports des Membres de son Gouvernement à la Commission d'Enquête Sénatoriale et pour la publication de la version amendée de la Constitution de 1987.
Le conflit entre le Président et son Premier Ministre avait laissé le stade de ragots pour se manifester en plein jour. Un incident très grave s'était produit. Le Président de la République débarque en pleine soirée à la Résidence officielle du Premier Ministre à Musseau, au moment ou celui-ci offrait un diner en l'honneur de certains Parlementaires, question peut-être de soigner sa base. La Presse a fait état d'échanges de propos disgracieux entre le Président de la République et certains Parlementaires présents ou absents.
Selon les analystes politiques, le conflit entre le Président de la République et le Premier Ministre Conille avaient atteint un point de non retour. Ce point de vue était corroboré par l'absence remarquée du Premier Ministre aux festivités commémoratives du Carnaval national, organisé aux Cayes. L'annonce de la démission du Premier Ministre Garry Conille et son acceptation par le Président de la République ne s'étaient pas fait attendre.

La Presse locale se faisait déjà l'écho des noms de candidats au poste de Premier Ministre. C'était ceux de Messieurs Laurent Lamothe, Thierry Mayard-Paul et de Madame Anne-Valérie Timothée Milford. Apres les consultations d'usage avec les Présidents des deux branches du Parlement, Monsieur Laurent Salvador Lamothe, Ministre des Affaires Etrangères du Gouvernement Martelly-Conille, était désigné par le Président de la République pour remplacer le Premier Ministre Garry Conille, démissionnaire.
Mais une question fusait de toutes parts : Monsieur Lamothe remplissait-il les conditions requises à l'Article 157 de la Constitution de 1987 pour être nommé Premier Ministre ? De sérieux doutes subsistaient sur sa nationalité haïtienne, sa résidence dans le pays au cours de cinq (5) années consécutives. Seule la condition relative à l'âge était remplie.
Mais, la question était posée différemment au sein du Pouvoir Législatif. L'approbation du choix de M. Lamothe était assujettie à quatre (4) conditions : la soumission des documents de voyage du Président de la République à la Commission Sénatoriale, la publication de la version amendée et corrigée de la Constitution de 1987, la participation directe au Gouvernement et l'octroi de postes aux proches des Sénateurs et des Députés.
La question de la nationalité du Président de la République était réglée. Au cours d'une cérémonie, réunissant au Palais National des Membres du Cabinet Ministériel et des Représentants du Corps Diplomatique et de Religion pour la Paix, le Président Martelly, accompagnée de sa femme, étalait ses passeports haïtiens sur une table devant les cameras de la presse et sous les regards des journalistes présents.
Le clou de la cérémonie était le témoignage de l'Ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique du Nord, disant que le Président Michel Martelly n'avait pas la nationalité américaine et qu'il est Haïtien. Puis, les Représentants de Religion pour la Paix, une organisation réunissant un Evêque de l'Eglise Catholique Romaine, un de l'Eglise Apostolique, un Pasteur de cultes réformés et un Prêtre Vodou, étaient chargés de communiquer les documents au Sénat.
La publication de la version amendée et corrigée de la Constitution de 1987 était chose acquise. Elle devait simplement attendre la ratification du choix du Premier Ministre et de sa Déclaration de Politique Générale. Aucun doute ne subsistait non plus sur la question du partage du pouvoir. De nombreux Sénateurs étaient pressentis comme Ministres. Quant à la question d'octroi de postes aux proches de Sénateurs et de Députés, elle était également réglée.
Pratiquant la diplomatie d'affaires, le Ministre des Affaires Etrangères Laurent S. Lamothe a rempli les couloirs des Représentations Diplomatiques et Consulaires à l'étranger de nouveaux fonctionnaires, proches parents et allies Sénateurs et de Députés. Ce n'est pas étonnant d'entendre que des proches parents de députés nommés dans la diplomatie s'adonnent au trafic de visas. C'est la diplomatie d'affaires!
Comme prévu, la ratification du choix du Premier Ministre Laurent Salvador Lamothe et celle de son Énoncé de Politique Générale s'étaient effectuées sans surprise par les deux (2) branches du Parlement. Au Sénat, cette ratification était facilitée par la présence et la collaboration des 10 Sénateurs dont le mandat allait arriver à expiration : Jean Hector Anacasis (ouest), Joseph Lambert (Sud-est), Nenel Cassy (Nippes), Yvon Bissereth (Sud), Michel Clerié (Grande-Anse), Youri Latortue (Artibonite), Kely C. Bastien (Nord), Evallieres Beauplan (Nord-d'Ouest), Rodolphe Joazile (Nord-d'Est) et Edmonde Supplice Beauzile (Centre).
Comme pour créer de l'Emploi, le Président Martelly et le Premier Ministre Lamothe ont formé un Cabinet Ministériel pléthorique, composé d'une trentaine de Ministres et de Secrétaires d'Etat. Par exemples, un Ministère à la Pauvreté est créé à côté du Ministère des Affaires Sociales, un Ministère à la Condition Paysanne est créé à côté du Ministère de l'Agriculture, des ressources Naturelles et du Développement Rural, le Ministère de la Défense est séparé de celui de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales.
En plus de la duplication de postes et de fonctions, a-t-on réfléchi au poids du Gouvernement sur le Budget de la République ?
Quelques temps plus tard, un conflit de personnalité entre le Premier Ministre Lamothe et le Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales, M. Thierry Mayard-Paul, a abouti au renvoi de ce dernier et à un replâtrage du Cabinet Ministériel. Le Premier Ministre s'attribue le Portefeuille de la Planification et de la Coopération Externe, le Ministre de la Planification passe aux Affaires Sociales. Le Ministre des Affaires Sociales devenait Ministre de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales.
Débouté sur la question de la nationalité, le Sénateur Moise Jean-Charles contre attaquait sur l'ensemble de dossiers : la milice rose, la vie chère et la corruption. Sur la question de l'armée, il était bien servi dans ses dénonciations par la mobilisation des membres des anciennes Forces Armées d'Haïti (FAd'H) et de jeunes postulants dans certaines régions du pays, notamment à Port-au-Prince, à Saint-Marc et au Cap-Haitien.
Ces derniers déambulaient lourdement armés dans des camionnettes dans plusieurs villes du pays sans être inquiétés. Au Cap-Haitien, ils ont occupé les locaux désaffectés de l'Organisme de Développement du Nord (ODN). Ils ont même reçu la visite de l'ex-chef rebelle Guy Philippe le 18 mai. Ceux de Port-au-Prince ont une fois tenté de s'introduire au Parlement. Les réponses du Gouvernement Martelly-Lamothe paraissaient à la fois timides et contradictoires. Cependant, on apprenait un bon matin que les ex-FAd'H ainsi que les jeunes postulants avaient abandonné leurs campements. De gré ou de force ? En fin d'année, des rumeurs circulaient dans la presse sur la formation d'un groupe de pression au Cayes, dénommé « le Police ».
Le Sénateur Moise Jean-Charles abandonnait le Sénat pour prendre la tête de manifestations populaires contre la vie chère et les malversations se donnant libre cours dans l'entourage du Président Martelly. Il était rejoint dans sa croisade non seulement par d'autres Sénateurs mais aussi par deux (2) jeunes avocats du Barreau de Port-au-Prince, Mes Newton St-Juste et André Michel.
Ces derniers avaient décidé d'intenter une action en justice contre la Première Dame de la République et son Fils ainé pour usurpation de titres et détournement de fonds publics. Ils accusaient la Première Dame et son fils de gérer des fonds du Trésor pour financer des programmes sociaux sans titre ni qualité. Le Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince avait décidé de classer l'affaire sans suite, en application du principe de l'opportunité des poursuites.
Cependant, leur action avait porté le Gouvernement à regrouper ses prétendus programmes sociaux sous le vocable «Ede Pep». La gestion et l'exécution de «Ede Pep» sont confiées au Fonds d'Assistance Economique et Sociale (FAES). Cependant, ce n'est pas la Mission du FAES de gérer ni d'exécuter ce genre de programme. Le risque de dévoyer la mission de cette institution, créée conjointement par l'Etat haïtien et les Institutions Financières internationales, est énorme. Il en est de même de l'utilisation abusive des fonds du Programme Petro Caribe à des fins humanitaires. Autant d'éléments qui apportent de l'eau au moulin des organisations internationales reportant sur la perception de la corruption.
Sur la question de la corruption, l'environnement politique haïtien s'envenimait, suite aux révélations d'une journaliste d'investigation de la République Dominicaine du nom de Nuria Piera. Selon elle, un Sénateur-investisseur dominicain, Felix Bautista, aurait financé la campagne électorale de deux candidats finalistes aux élections présidentielles haïtiennes en mars 2011, Mr Martelly et Mme Manigat. Les réactions des prétendus bénéficiaires haïtiens étaient trop molles, pour dissiper les doutes entretenus des deux côtés de la frontière.
A la même époque, le Département d'Etat Américain publiait son Rapport annuel sur la situation des Droits Humains en Haïti. Ce Rapport dénonçait la corruption au sein des instances gouvernementales haïtiennes. D'autres rapports venaient amplifier la situation de la corruption dans le pays. Cependant, celui de Transparency International a fait état de progrès dans le classement du pays (165e sur 176 pays) par rapport a l'année passée.

3. Crises à Répétition

Le Pouvoir Exécutif semblait oublier que l'année 2012 était une année électorale. En plus du tiers du Senat, il fallait renouveler les Assemblées locales, les Conseils d'Administration des Sections Communales et les Conseil Communaux. L'organisation de ces élections nécessite la mise en place d'un autre Conseil Electoral, après la débâcle de celui présidé par Gaillot Dorsinvil.
Entre temps, malgré les protestations des Associations des Maires issus des dernières élections et des organisations de la société civile, le Ministère de l'Intérieur et des Collectivités Territoriales Thierry Mayard-Paul amorçait un mouvement de remplacement des Conseils communaux élus par des Conseils intérimaires ; question d'accorder des postes aux proches du pouvoir et de se débarrasser de candidats potentiels encombrants.
En publiant la version amendée de la Constitution de 1987, le Pouvoir Exécutif affichait clairement son option pour la formation d'un Conseil Electoral Permanent (CEP). Pour ce faire, il fallait des représentants des 3 Pouvoirs de l'Etat : Législatif, Exécutif et Judiciaire. Cette décision renforçait la division au sein du Sénat de la République et de la classe politique haïtienne.
Au niveau du Législatif, le Senat est amputé de 10 membres, ce qui rend mathématiquement impossible la désignation des représentants du pouvoir Législatif au CEP permanent, sans une réduction éventuelle du quorum. La désignation des représentants du Pouvoir Judiciaire passe par la mise en place du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ). La formation du CSPJ suppose la nomination des Juges à la Cour de Cassation.
Sur ce point, l'Exécutif s'est montré très actif. L'effectif de la Cour de Cassation est complété. Le Président de la République ne tardait pas à former et à installer le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire. Cette installation répondait à un triple objectif : doter le pouvoir judiciaire d'un organe de gestion ; renforcer l'indépendance et la séparation des pouvoirs ; promouvoir le renforcement de l'Etat de Droit. Mais l'objectif immédiat demeurait la constitution du CEP permanent. Le Conseil Supérieur du pouvoir Judiciaire (CSPJ) est constitué. Ses Membres prêtent serment et sont installés, conformément à la loi régissant son fonctionnement.
Des tensions ne tardaient pas à s'installer entre le Ministère de la Justice et le CSPJ sur la nomination récente de magistrats dans le système. Le CSPJ effectuait son premier faux pas. Quatre (4) membres sur 9 procédaient à la sélection des Représentants de l'Institution au Conseil Electoral Permanent (CEP). Cette désignation était contestée par de nombreux secteurs sociaux et politiques du pays. Malgré les protestations des secteurs des Droits Humains, de la Société Civile et de la Fédération des Barreaux haïtiens, les noms des personnes sélectionnées sont transmises à l'Exécutif. Le Pouvoir Exécutif n'avait pas tardé à designer ses Représentants et à publier un Arrêté nommant 6 des 9 Membres du Conseil Electoral Permanent (CEP).
Une nouvelle crise s'installe aussi bien au sein du CSPJ, de la Classe Politique que du Parlement qui s'abstient de designer ses Représentants. Le Président du CSPJ, Me Anel Alexis Joseph, est voué aux gémonies. Le Senat adopte une Résolution réclamant son remplacement ainsi que celui de 2 autres juges, Mes Kesner Michel Thermezi et Frantzy Philemenont, nommés à la Cour de Cassation, en dehors des normes légales. Ces pressions semblaient porter fruit. Quelques semaines plus tard, le CSPJ procédait au choix de 3 nouveaux Représentants au CEP. L'Exécutif va-t-il rappeler l'Arrêté de nomination des 6 Membres du CEP ?
Par ailleurs, devant l'impossibilité de convoquer le Parlement en session extraordinaire, l'Exécutif avait décidé d'engager des négociations directes avec le Parlement, bénéficiant encore des bons offices de Religion pour la Paix. A la première rencontre, chaque partie avait décidé de désigner 3 membres pour le lancement des discussions devant aboutir à la mise en place du CEP (permanent, provisoire, de consensus ou de transition). Qui sait ? De toute façon, l'année 2012 se terminera sans l'organisation des élections et renforce la perception d'instabilité des institutions.

4. Instabilité et Insécurité

Le poste de Commissaire de Gouvernement de Port-au-Prince est devenu celui le plus instable du pays en 2012. Plus de 4 Commissaires se sont succédé à la tête du Parquet près le Tribunal de Première Instance de Port-au-Prince. Me Jean-Renel Senatus, qui avait pris le pari de combattre la délinquance juvénile dans sa juridiction, avait été révoqué par le Ministre de la Justice pour insubordination. Le Commissaire congédié n'avait pas manqué de s'en prendre à la personnalité de son Ministre de Tutelle, Me. Jean Renel Sanon.
La machine de l'insécurité n'a pas chômé non plus en 2012. Tout le monde en pâtit. Ses victimes se recrutent dans toutes les classes sociales. Avocats, Juges de Paix, Policiers, gens d'affaires, étudiants, simples citoyens sont tombés. Un des cas le plus retentissant est celui de l'assassinat du policier Walky Calixte. Les réactions de la population ne s'étaient pas fait attendre : trafic automobile perturbé, route de carrefour paralysé, arrêt de travail ou grève au sein de la Police Nationale d'Haïti (PNH). Le Député Rodriguez Séjour était pointé du doigt dans cette affaire. Le Député était interrogé par le Cabinet d'Instruction.
On ne saurait passer sous silence les cas d'assassinat de Me. Durand Jeanty et de Venel Joseph. Ce dernier était un ancien Gouverneur de la Banque Centrale de 2001 à 2004. En fin d'année, l'assassinat de l'étudiant Damael D'Haiti, en pleine fête des bleus à la Faculté de Droit et des Sciences Economiques de l'Université d'Etat d'Haïti, jetait la communauté estudiantine de la capitale dans l'émoi.
Le kidnapping reprenait du service et s'était même intensifié. A Port-au-Prince, deux (2) membres de la famille de l'homme d'affaires Robert Moscosso étaient enlevés. Une semaine plus tard, on annonce le démantèlement d'un puissant réseau, dirigé par l'homme d'affaires Clifford Brandt. Cette nouvelle avait jeté l'émoi dans la société haïtienne. Les enquêteurs de la Direction de la Police Judiciaire soupçonnaient la participation dans le réseau de policiers en service actif et/ou révoqués. Quelques-uns étaient mis en isolement et d'autres remis à la justice.
A Jacmel, un enfant de 3 ans était enlevé et son oncle tué par les ravisseurs. Elle a été libérée contre rançon. A carrefour, une fillette était enlevée sur la cour de son école. Ces nouvelles ne sont pas de nature à créer un climat propice à l'investissement dans le pays.
C'est dans de contexte qu'intervenait le remplacement du Directeur General de la Police Nationale. En effet, en Août 2012, le mandat de Monsieur Mario Andresol comme Commandant en Chef de la Police nationale d'Haïti (PNH) prenait fin. Le Président de la République ne tardait pas à jeter son dévolu sur l'Inspecteur General Godson Orelus, dont le choix a été ratifié par le Senat de la République, conformément à la Constitution.
Suite à son installation, 79 policiers faisaient l'objet d'une décision de renvoi de la PNH, Cette mesure faisait suite à l'évaluation (vetting) réalisée en 2008 par la MINUSTAH sur un groupe de 3300 policiers environ. Inutile de décrire la confusion que cette décision de révocation avait créé dans le pays, juste quelques jours après le démantèlement du gang Brandt.

B. POUVOIR LEGISLATIF

Plusieurs questions divisent les Pouvoirs Législatif et Exécutif. Citons, par exemples, celle du renouvellement du mandat de la Commission Intérimaire pour la Reconstruction d'Haïti (CIRH), celle de la publication de la version amendée de la Constitution de 1987, celle de la formation du Conseil Electoral Permanent (CEP). Cette dernière semble être la plus épineuse. Depuis l'adoption de la Constitution de 1987, aucun des deux Pouvoirs ne veut concéder le contrôle de la formation du CEP permanent à l'autre.
En début d'année, le Senat et la Chambre des Députés se dotaient de nouveaux Bureaux. Le Sénateur Simon Dieuseul Desras succédait au Sénateur Jean Rodolphe Joazile comme Président du Sénat et le Député Levaillant Louis Jeune succédait au Député Sorel Jacinthe à la Présidence de la Chambre des Députés.
Le bilan du Parlement au cours de l'année 2012 n'est pas brillant. Très peu de lois ont été votées. A la Chambre des Députés, les groupes parlementaires se métamorphosent comme des chrysalides. Le groupe Parlementaire pour la Stabilité et le Progrès (PSP) remplaçait le Groupe Parlementaire pour le Renouveau (GPR). En face, il y a le groupe Parlementaire pour le Renforcement Institutionnel (PRI). Le PSP constitue la nouvelle majorité dont le Premier Ministre Lamothe a besoin pour supporter son Programme de Gouvernement. La malice populaire soupçonne les membres du PSP d'être à la solde du Pouvoir Exécutif. Ce que semble leur reprocher également leurs collègues PRI.
Mais le PRI semble avoir un prix. Ses membres se sont donnés en spectacle en organisant un concert de Klaxon dans la cour de la Primature pour réclamer le décaissement de 10 millions de gourdes prévus dans le budget de la République pour les communes de leur juridiction.
La situation n'est pas différente au Sénat de la République. Amputé de 10 membres dont le mandat a expiré depuis mai, le Sénat éprouve du mal à organiser une séance. Les 20 Sénateurs restant sont divisés sur la question de la formation du Conseil Electoral Permanent (CEP). Mathématiquement, il est impossible au Sénat de réunir le nombre de voix nécessaire (20) pour designer les membres du CEP permanent, le Président ne votant pas.
Des négociations sont en cours en vue de trouver un consensus sur la composition d'un CEP de transition devant organiser les élections pour le renouvellement du tiers du Sénat et des collectivités territoriales. Ces négociations risquent d'achopper sur le statut des Membres désignés par le Pouvoir Judiciaire.

C. POUVOIR JUDICIAIRE

La Constitution de 1987 prévoit l'existence d'un Pouvoir judiciaire indépendant et impartial en Haïti. Mais, ce n'est pas chose aisée. Depuis 2007, plusieurs lois ont été votées en vue de la création et du renforcement de ce Pouvoir. L'existence d'un tel Pouvoir est indispensable à la création d'un véritable État de Droit.
En 2012, des efforts ont été déployés en ce sens. Les postes vacants à la Cour de Cassation ont été comblés. Le Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire (CSPJ) a été formé. Mais, son fonctionnement n'est pas facile. Aucun Ministre de la Justice n'est prêt à se soustraire de la gestion du Pouvoir Judiciaire.
Des tensions persistent entre le CSPJ et le Ministère de la Justice sur la question de la nomination des juges. Cependant, le CSPJ a commis son plus grand faux pas à l'occasion de la désignation de ses représentants au Conseil Electoral Permanent (CEP). Ne s'étant pas entendu sur le choix de ces représentants, 4 des 9 membres du CSPJ ont laissé la salle pour infirmer le quorum. Les 4 membres restants ont voté en l'absence de majorité le choix des 3 Membres du Pouvoir Judiciaire au sein du CEP.
Les protestations ne se sont pas fait attendre. Le CSPJ est paralysé à sa naissance. La Fédération des Barreaux et les Organismes de Droits Humains avaient rappelé leur représentant. Le Président de la Fédération des Barreaux introduisait une action devant la Haute Cour de Justice contre Me Anel Alexis Joseph, à la fois Président de la Cour de Cassation et Président du CSPJ. Parallèlement, le Sénat adoptait une Résolution, réclamant la destitution du Magistrat ainsi que la révocation de deux autres juges de la Cour de Cassation, nommés en dehors des normes constitutionnelles. Autant de pressions qui ont porté le CSPJ à reconsidérer son choix initial et à procéder à un second vote.
Mais, le problème reste entier. Les trois représentants désignés initialement s'accrochent à leur poste. Deux acteurs risquent de débloquer la situation : l'aboutissement des négociations entre les Pouvoirs Législatif et Exécutif et le dernier scandale qui éclabousse Me. Josué Pierre-Louis.
En fin d'année, Me Josué Pierre-Louis, Président du CEP (Présidentiel, Permanent, Provisoire) fait l'objet d'une accusation de viol sur la personne de Mademoiselle Marie Danielle Bernadin, son assistante administrative. Rappelons que Me. Josué Pierre-Louis avait perdu son portefeuille de Ministre de la Justice au début de l'année 2012, suite à l'arrestation du Député Anel Belizaire. Est-il sur le point de perdre son Poste de Président du CEP de 6 Membres à la fin de la même année ? Son image et sa réputation sont mises à mal par une dénonciation d'un cas de viol de la part des institutions de défense des Droits Humains RNDDH et SOFA ?
L'impunité continuait d'être la marque de fabrique du système judiciaire haïtien. De l'assassinat de Jean Dominique à celui de Guiteau Toussaint, aucun procès n'a encore été organisé. La situation des droits humains ne s'est pas améliorée non plus. Les cas de Calixte Valentin et de l'ancien Maire de Thomonde sont là pour en témoigner. La situation carcérale est préoccupante. La détention préventive prolongée persiste. C'est l'Expert indépendant des Nations-Unes pour les Droits de l'Homme, Michel Forst qui est venu tirer la sonnette d'alarme en fin d'année. Pas de développement économique sans une justice indépendante et impartiale.

PLAN ÉCONOMIQUE


Sur le plan économique, le Bilan de l'Année 2012 n'est pas rose. La sécheresse qui a sévi de mai à août 2012 a grandement affecté la production agricole du pays. De plus, le pays a été sévèrement affecté par deux (2) tempêtes tropicales. Isaac et Sandy ont porté des coups très durs à l'agriculture haïtienne. Des jardins ont été dévastés, des têtes de bétail emportées et des vies humaines perdues.
Le Parc Industriel de Caracol a été inauguré. Un millier d'emploi direct y est créé par la Firme Coréenne SEA. Les travaux d'aménagement de l'aéroport du Cap-Haitien progressent. L'avion transportant le Secrétaire d'Etat américain, Mme Hilary Clinton et son Mari Bill Clinton y a atterri sans problème. Mais pour des raisons de sécurité, l'avion a été se garer en République Dominicaine.
Le gouvernement clame sur tous les toits que le pays est ouvert aux affaires. Pourtant, l'environnement des Affaires ne s'est pas amélioré. Haïti continue de battre les records de mauvais classement dans les rapports publiés par les institutions internationales.
Avec la recrudescence de l'insécurité, les Ambassades des pays amis continuent de déconseiller le voyage de leurs ressortissants en Haïti. Tous les efforts de promotion entrepris par le gouvernement sont affectés par le climat d'insécurité et les manifestations de rues dans plusieurs régions du pays.
Les Fonds du Programme Petro caribe sont une dette à long terme que les générations futures doivent rembourser. Le Gouvernement aurait dû les utiliser à des fins plutôt productives. Les infrastructures routières, portuaires et aéroportuaires sont encore défaillantes. L'électricité, le téléphone et les nouvelles technologies de l'information et de la communication ne sont pas encore au point.
Cette année, le Gouvernement a introduit à temps son Projet de Loi des Finances au Parlement, soit le 30 juin 2012. Cette Loi 2012-2013 a été voté séparément par chacune des deux branches du Parlement haïtien. Mais pour devenir une loi, le document doit être voté dans les mêmes termes par les deux branches. En application du Décret de 2005 sur la Comptabilité et le Budget et suite à un accord avec le Parlement, le Gouvernement a publié le document. Une controverse est née sur la nature du document publié dans le Journal officiel, Le Moniteur. En tout cas, le Budget 2012-2013 de 131 milliards de gourdes est en application depuis le 1er octobre 2012.
Le pays fait face à une échéance critique sur le plan de la lutte contre le blanchiment d'argent. Le Groupe d'Action Financière de la Caraïbe (GAFIC) doit évaluer les progrès accomplis dans ce domaine par l'Etat haïtien. La loi modifiant celle de 2001 n'est pas encore votée. Le désaccord entre l'Exécutif et le Parlement sur la formation du Conseil Électoral entrave la tenue de la séance convoquée à l'extraordinaire.
L'instabilité politique et sociale n'est pas de nature à favoriser l'investissement direct étranger en Haïti. Entre temps, les prix des produits de première nécessité augmentent sur le marché national. Le déficit commercial se creuse avec les principaux partenaires commerciaux. Le chômage continue d'affecter un fort pourcentage (60-70%) de la population active du pays. Le pays est sous la menace de l'insécurité alimentaire.
La Mission du Fonds Monétaire International (FMI) a revu à la baisse les prévisions de croissance économique pour 2012. Le pays ne connaitra pas la croissance et le développement économique si la justice n'est pas indépendante et impartiale. Le pays ne connaitra pas la croissance et le développement économique si le droit de propriété n'est pas garanti, si la section communale n'est pas dotée d'une police qui protège la terre, la culture et l'élevage des paysans.
Comme partout ailleurs dans la Caraïbe, le Tourisme peut être le moteur de notre développement. Mais, il ne peut se développer dans un environnement malsain, insalubre, insécurisant et instable. Le problème est chez nous et en nous. Nos dirigeants doivent favoriser la stabilité et la paix sociale en privilégiant le dialogue, le renforcement des institutions et le respect des échéances électorales.

II. PLAN SOCIAL

Le peuple haïtien, dans sa grande majorité, vit dans une misère abjecte. La paupérisation des couches moyennes de la population s'accélère. Cependant, le peuple haïtien a eu droit à deux grands exercices carnavalesques : le carnaval national, organisé aux Cayes et le carnaval des fleurs, organisé au Champ de Mars.
Seules l'éducation et le travail sont de nature à redonner sa dignité au peuple haïtien. Les programmes sociaux mis en œuvre actuellement par le Gouvernement Martelly-Lamothe sont des palliatifs.
Les personnes déplacées par le séisme du 12 janvier 2010 qui occupaient l'espace des principales places publiques de Port-au-Prince et de Pétion-Ville ont été relocalisées dans le cadre du Programme 16/6. Mais le camp de déplacés de Canaan ne cesse de s'étendre.
Le Gouvernement a déclaré l'Etat d'urgence d'un mois pour venir en aide aux victimes, après le passage de la tempête tropicale Sandy. Sa durée vient d'être prorogée d'un mois (5 décembre 2012-5 janvier 20013). Le Gouvernement doit réduire sa taille et utiliser plus rationnellement les ressources du budget national à des fins de création d'emploi, cesser les voyages tous azimuts, en grand nombre, aux frais du contribuable, lesquels déplacements ne rapportent pas grand-chose.
Enfin, les valeurs morales se sont effritées davantage au cours de cette année. La dépravation des mœurs s'est accélérée. Il suffit de parcourir les journaux et scruter les informations circulant sur les réseaux sociaux pour s'en convaincre.
Souhaitons que le Peuple haïtien se réveille et se mette debout pour réclamer et favoriser la moralisation de la Gouvernance politique, économique et sociale du pays.




lundi 17 décembre 2012

Quel est l'avenir d'Haiti?

Il y a tres peu d'articles de la presse haitienne se consacrant a une analyse profonde de la situation d'Haiti. J'ai eu l'occassion de trouver un article titre "Quel est l'avenir d'Haiti" ecrit par un intellectuel, economiste vivant a Paris et publie par le magazine "Tout Haiti". Cet article  rapporte les reflexions de l'auteur sur la situation d'Haiti apres la catastrophe du 12 juillet 2010 et tente d'expliquer les causes de cette situation apres cet evenement devastateur. Cette explication de causes peut se resumer a deux types: causes de l'echec de la refondation d'Haiti apres le 12 janvier 2010 et causes profondes du sous-developpement d'Haiti. L'auteur a donc mis l'accent sur les causes ideologiques, historiques et environnementales. Il a donc conclu en invitant les Haitiens a prendre leur destinee en mains.

Statuant sur les causes de l'echec de la refondation d'Haiti l'auteur a montre la responsabilite de la communaute internationale et celle de l'Etat haitien. En effet seulement une partie de l'aide promise est arrivee dans le pays et n'atteint que les organisations non gouvernementales etrangeres et certains gouvernements etrangers.  En d'autres termes le gouvernement haitien n'a pas eu l'opportunite d'administrer cette aide. Les pays donateurs ont aussi choisi d'acheminer cette aide vers les organismes internationaux en raison de la corruption qui regne au sein du gouvernement haitien. De plus le gouvernement n'a pas su montrer sa capacite d'executer un plan et forcer les pays donateurs a leur acheminer cette aide en vue de l'execution de ce plan. L'auteur a aussi montre la generosite du gouverment dominicain de Lionel Fernandez a venir nous aider lors du tremblement de terre de Janvier 2010. Mais nous nous sommes rendus compte par la suite que cette generosite etait redevable. En effet les declarations de la journaliste dominicaine Nuia Piera ont montre l'implication d'un senateur dominicain dans le versement de pots-de-vin au president Martelly en vue d'obtenir les contrats de construction pour sa compagnie.

La bourgeoisie designee par "l'elite a peau claire d'Haiti" constitue un frein au developpement de ce pays. En effet ce groupe social controle 80% de l'economie du pays suivant le journal le Monde. Elle joue un role dans le soutien et le renversement des gouvernements haitiens. Aujourd'hui les membres de cette elite sont impliques dans des affaires plus louches que jamais comme le kidnapping. L'auteur vante les valeurs intellectuelles des classes moyennes oubliant que la majorite de cette classe ideologiquement alliee de la bourgeoisie contribue aussi aux malheurs du pays. Un autre point important souligne par l'auteur est la fuite des cerveaux. Une étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) estime que 80% des Haïtiens ayant fait des études secondaires ont quitté le pays. Lorsque l'économie est en difficulté, de plus en plus de personnes prennent un billet d'avion plutôt qu'un bulletin de vote —afin de chercher ailleurs des opportunités de réussite.  

L'auteur souligne aussi la montee d'une nouvelle force economique monopolisant la vente des services de telephonie moblie. Cette force est representee par la Compagnie Digicel regnant en seul maitre et seigneur de la place dans le domaine de la telecommunication mobile. En effet cette force ne vient que s'ajouter aux forces economiques de meme nature deja presentes sur le terrrain.

L'auteur souligne la degradation de notre espace environnemental, les mefaits des desastres naturels de l'anne 2012 et l'appauvrissement de l'agriculture. "Le pays compte moins de 2% de la couverture couverture forestiere et chaque annee l'erosion emporte des dizaines de milliers de metres cubes de terre", fait-il remarquer. Il parle aussi des efforts de l'organisation "Terre des hommes" et de l'agronome Chavannes Jean Baptiste en vue de remedier aux deficiences agricoles dans une partie du pays. Haiti a connu durant cette anne des pertes dans le domaine du riz, du mais, des haricots, etc, Mais le pays peut-il compter sur deux organisations en vue faire remonter son agriculture. En effet le gouvernement cherche a etablir des cooperations d'aide avec des gouvernements etrangers en vue de pouvoir fournir de l'aide en ce sens mais cette aide pourrait-elle etre efficace si le gouvernement haitien ne prend pas en mains ses responsabilites et si la corruption regne en sin sein?.

L'auteur a montre les causes du sous-developpement actuel du pays dans la situation d'isolement dans laquelle se trouvait le pays apres son independance. Il a tente d'expliquer les causes de l'avancement de la Republique dominicaine par rapport a la Republique d'Haiti, Haiti est un pays d'emigration tandis que la republique dominicaine est un pays d'immigration. Plusieurs investisseurs etrangers s'etablissaient en Dominicainie et contribuaient a son essor economique, Tel n'a pas ete le cas pour Haiti,

 Dans le citations suivantes l'auteur propose les solutions au probleme d'Haiti. "Aucun des problèmes d'Haïti n'est insurmontable. Mais le pays ne peut pas aller de l'avant sans surmonter ses profondes divisions de classe et de couleur de peau. Haïti doit accueillir la diaspora haïtienne, souvent vilipendée, mais qui a acquise des connaissances et des compétences en gestion à l'étranger". "C'est bien de croire au capitalisme, être riche ne devrait pas être un péché seulement à Haïti. Mais être riche et ne pas avoir le courage de prendre des risques, d'aider votre pays comme ça se fait ailleurs ou de développer une structure philanthropique pour sauver votre pays est un terrible délit",

La diaspora haitienne pourrait contribuer au developpement du pays dans la mesure ou elle renonce aux shemes de division et de corruption cultives en terre natale et qu'ils ont emporte en terre etrangere. Cette diaspora n'a pas pas su s'organiser au dela de nombreuses annees vecues a l'exterieur. Certains Haitiens vivant dans la diaspora n'ont pas pu dissocier les elements negatifs de la culture et du modele du developpement des pays riches des elements positifs. Ils adoptent un mode de vie charge d'elements negatifs comme etant normal. Certes ils eprouvent la nostalgie de la terre natale en se referrant aux elements positifs du mode de vie passe mais en realite ils ne s'organisent pas en vue de vivre suivant les bonnes moeurs de ce mode de vie.. On peut constater les mefaits causes au developpement d'Haiti par l'importation de la culture etrangere soit directement par le biais des elements de cette diaspora revenus au pays. soit indirectement par le biais des medias: radio, television, internet, journaux, etc. La jeunesse haitiene rejette sa propre culture pour embrasser la culture americaine, francaise et canadienne. Alors que l'on fait la promotion du creole nos elites intelellectuelles se sentent fieres d'utiliser des mots anglais dans la langue creole. Haiti est devenue carrement une colonie culturelle americano-francaise. Les adultes haitiens vivant en Haitien semblent oublier les mots creoles (ou font le snobisme) en employant des mots anglais a la place des mots creoles et de ce fait imitant ou reproduisant les shemas d'un creole parseme de mots anglais utilise dans la diaspora haitienne aux Etats-Unis. Les enfants haitiens ne connaissent pas le creole en depit du fait que ce dernier est enseigne a l'ecole. Si la langue francaise a connu plusieurs variantes dans differents pays ou elle est parlee au point de faire la distinction entre le francais de France, du Canada, de la Martinique, etc, en Haiti on se rapproche d'un francais "francise" car il existe une langue francaise conforme a notre culture. On ne saurait parler le Francais comme les Canadiens et les Francais qui ont une culture differente de la notre. Le creole considere comme une langue autochtone est carrement anglicise. Revenant sur la mise des competences de la diaspora au service du pays, plusieurs elements de cette diaspora revinrent au pays apres 1986 et ont contribue a la situation d'echec que le pays vit aujourd'hui. Cela ne signifie pas que tous les elements de la diaspora sont les memes. Il faut pouvoir distinguer les franges negatives de celles positives.

L'auteur propose le philantropisme des riches comme une solution des problemes d'Haiti. Cette philantropie est mise en oeuvre en Haiti tant par les haitiens de l'elite que des etrangers. Beaucoup d'organisations a but non lucratif haitiennes et non haitiennes recoivent des fonds economiques de philanthropes. La philanthropie etrangere a eu son paroxysme apres le tremblement de terre mais nous avons vu comment Haiti n'a pas pu beneficier de cette aide canalisee par le biais des organisations etrangerees a but non lucratif qui se sont montrees non transparentes dans la gestion de ces fonds. Enfin l'auteur propose la disparition des diivisions sociales. Mais ceci n'est-il qu'une utopie? En effet ces classes arriveront-elles a un point de conscience telle pour realiser un tel explioit?. En effet durant de diverses occassions les elites economiques et sociales ont eu l'opportunite de resoudre ce probleme mais elles l'ont rate: apres 1986, apres le tremblement de terre de janvier 2010..Ces elites au contraire accelerent la descente en enfer du pays. Elles ne sauraient prendre conscience puisqu'elles ne se considerent pas haitiennes et en transit en Haiti et sont plus motivees par l'accumulation de richesses materielles. De meme que certaines maladies exigent la necessite d'une intervention chirurgicale, la resolution des problemes d'Haiti exige des solution profondes.. On peut proposer de millers de solutions mais tant q'il n'y ait pas de groupes organises, structures pour recueillir ces propositions, les analyser passer au peigne fin et concevoir un plan capable de sortir le pays de sa situation actuelle  on continuera a faire des debats interminables, a proposer toutes sortes de solutions depourvues d'applications pratiques et sans jamais s'entendre autour d'un plan efficace execute par des Haitiens honnetes, competents et aimant leur pays. 

http://www.touthaiti.com/touthaiti-editorial/1593-quel-est-l-avenir-d-haiti 

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vendredi 7 décembre 2012

Haiti: situation securitaire, judiciaire et politique

La criminalité empeste tout. L’État est contaminé. Les citoyens s’affolent. Partout. À Port-au-Prince comme dans les villes de province, des familles pleurent. Elles se disloquent. Chaque jour une nouvelle victime est comptée. Elle est soit kidnappée soit assassinée. Les réponses de l’État paraissent inefficaces. La police est débordée. La Minustah, force de stabilisation étrangère ne fait pas mieux. Sa léthargie dans ses heures de grand tourment est symptomatique de l’impuissance des forces de sécurité
Le crime, sous toutes ses formes, règne. Simple banditisme et crime organisé, il étend ses tentacules dans tous les secteurs d’activité. L’économie, les affaires, l’administration publique etc. La plupart des actions spectaculaires des bandits ont lieu en plein jour. Ils étaient montés à bord de voiture immatriculée, service de l’État, et/ ou Police comme dans l’affaire Brandt ou l’assassinat de l’inspecteur Yves Marie Bellefleur. Ainsi, la peur envahit le pays. Sortir dans la rue, pour un citoyen, est un acte héroïque et aléatoire. La garanti d’un retour chez soit en toute quiétude, n’existe presque pas.
Aujourd’hui, nul ne sait s’il doit s’arrêter lorsqu’il entend les sirènes d’une voiture de police ou filer à toute allure. Encore plus, pour les voitures services de l’État. L’ombre de la peur plane donc sur la Capitale. D’autant que l’affaire Brandt, qui serait le plus grand coup réalisé par les forces de l’ordre, laisse croire que les complices du gang courent encore les rues. Les nombreux policiers annoncés au préalable impliqués dans le gang, seraient encore au sein de la Police. Selon le RNDDH, le CSPN serait responsable que ces malfrats soient encore en liberté. Les autorités avaient la possibilité de tous les arrêter. Mais…
La crise de l’État qui sévit, favorise les actions des bandits. Le Parlement est quasi inexistant. Ses actions n’ont pratiquement aucun impact positif sur le devenir de la nation. La plupart des parlementaires sont dans la botte du chef de l’État. L’intérêt de la nation est secondaire. Se remplir les poches serait l’objectif premier. Des soupçons de corruption bien évidemment plane sur eux. Le jeu des accusations entre élus n’arrange personne. Certains d’entre eux seraient aussi membre de l’industrie du Kidnapping. Le président du Grand Corps serait prêt à demander à l’Assemblée des parlementaires de lever l’immunité de quiconque serait impliqué dans ces histoires.
Le judiciaire n’est pas au mieux. L’impunité devient loi. Les organisations de défense des Droits humains dénoncent, mais rien n’est fait. Le dernier grand coup en date est la libération de Calixte Valentin. Alors que M. Valentin, selon Pierre Espérance, parlait de légitime défense dans le meurtre d’un jeune homme à Fonds-parisien, le juge d’instruction Fermo Jude Paul, fraichement nommé, a décidé de libérer en rendant une ordonnance de non lieu. Il n’y aura pas de procès, sauf coup de théâtre dans l’appel formulé par la famille. Etonnant ! Vu que le chef de la poursuite, le commissaire du gouvernement n’avait pas lui-même formulé cette demande.
Pis encore. Le juge d’instruction, Jude Paul, a informé que la majorité de ses confrères n’ont pas été bien nommés. Les regards sont donc tournés vers le CSPJ et le ministère de la Justice. Lesquels seraient confrontés à leur propre crise. Le CSPJ est décrédibilisé suite à des élections frauduleuses organisées pour nommer les représentants au Conseil électoral permanent. Le ministre de la Justice fait face, pour sa part, à des accusations de détournement de mineur de la part de l’ancien chef du Parquet, Jean Renel Sénatus. Il avait promis de trainer son accusateur devant la justice, jusqu’ici rien n’est fait.
L’Exécutif serait, selon les faits rapportés par les organisations de défense des Droits humains et certains parlementaires, le pouvoir le plus sale. Corruption. Implication directe dans le Kidnapping, le blanchiment des avoirs, le crime organisé etc. La liste des accusations est encore longue. L’entourage du président est pesant dans la gestion du pouvoir, pourtant avec l’affaire Brandt et les allégations de Moïse Jean Charles, il parait être lié au monde du crime et de la corruption. Le pays se meure donc, pris en otage par les bandits et les politiques scélérats.
L’État est donc délabré. Il ne s’est pas remis de l’épisode de 1986. La transition démocratique orchestrée continue encore. Les différents coups d’État ont brisé l’élan de renouveau d’une nation qui voulait divorcer d’avec la dictature. Les conditions de vie de la population entre-temps se dégradent. Les problèmes sociaux de base sont criants. La nostalgie des années Jean-Claudistes grandit. L’idéal de 86 a été bafoué et foulé au pied. Le rêve d’une Haïti meilleure se perd dans le cafouillage des uns et des autres.
Le présent n’est pas réjouissant et l’avenir parait de plus en plus hypothétique. L’appel du Président Martelly afin que le FBI et l’Interpol interviennent pour débroussailler l’espace haïtien de ses ivraies qui endeuillent, volent, violent et déstabilisent l’État, est symbolique de l’effondrement de l’État. Quel sera donc le correctif pour un corps social inquiet et seul contre la vérole de l’insécurité ?
Lionel Edouard
Haiti Infos

vendredi 30 novembre 2012

Haiti-Bourgeoisie: Piratocrates, fliblutocrate, kidnappinocrate, voyoucrate et kokorat

zokiki-bourgeoisie-martelly
Par Fanfan la Tulipe
« Peu importe que la société en crève, pourvu que mes profits augmentent » Credo capitaliste
Qui l'eût dit? Qui l'eût soupçonné ? Qui l'eût imaginé ? Qui l'eût deviné? Qu'un abcès mûrît aussi longtemps au sein d'un conglomérat de familles sucrées, tilolitées, argentées, dorées, mal famées, déconsidérées, et crevât de façon aussi explosive et inattendue par la faute de l'un des représentants de cette tiloliterie méchante et agripate. Qui l'eût pensé ? Que des coulées purulentes, allaient éclabousser de façon aussi tapageuse des quartiers bourgeois accros de la corruption, du vice, des trafics d'influence, des trafics d'armes et de stupéfiants, de la fraude, de la contrebande, des manœuvres sordides, de l'immoralité.
Cette frange malpropre de la bourgeoisie, cette bourgeoisie des affaires, des mauvaises affaires, des affaires louches, troubles, obscures, suspectes, interlopes, sales, on sait depuis longtemps qu'elle est de tous les mauvais coups, de toutes les manœuvres ténébreuses pour déstabiliser le pays et empêcher un vrai démarrage des forces vives de la nation. Mais on se doutait que certains de ses membres puissent faire partie de réseaux criminels spécialisés dans le kidnapping assorti de rançons scandaleuses et parfois d'assassinats violents, crapuleux et macabres.
Le comportement criminel de Clifford Brandt a été l'occasion pour la revue Santinèl de nous «détailler» non seulement une liste très large de ces «Fanmi ak gwoup ekonomik k ap kontwole richès peyi d'Ayiti» mais aussi leurs diverses activités suceuses, exploiteuses, siphonneuses, honteuses, scandaleuses, indécentes, révoltantes, indignantes et choquantes. Brasseurs de juteuses affaires, concocteurs de plans mafieux et ténébreux, spéculateurs sans conscience profitant de l'épargne des citoyens, flibustiers évoluant sur toutes les mers de profit maximum, ils forment une aristocratie de voyoucrates, piratocrates, flibustocrates, bref des kokorat argentés, vestonnés, cravatés, brézeautés, détenteurs de la plus grande partie des richesses du pays. Passons-les en revue.
Les pirates du secteur bancaire. Ce sont les Brandt évoluant avec rapacité dans l'aire de la Banque de L'Union Haitienne (BUH), avec les Cassis comme associés. Jean Claude Nadal est le fondateur en 1985 de la Sogebank de concert avec une douzaine de flibustocrates, parmi eux le groupe Moscosso, le clan Berhmann, les Perry, les Riviere. Selon Santinèl, ces mêmes flibustocrates vont se porter acquéreurs de la Banque Royale du Canada en 1986. Sous le régime Lavalas, la clique Baussan unie à la clique des Auguste va montrer ses dents de requin avec la fondation de la Unibank dont les diverses transactions décherpillantes du peuple haïtien tant en Haïti qu'en diaspora n'arrêtent pas de remplir les coffres des profiteurs baussanais. Enfin, le gang Bigio, vendeur d'armes, est venu s'ajouter aux autres flibustocrates en créant Promobank en partenaire avec la clique des Acra. Ils se ressemblent et s'assemblent, générateurs de magouilles Bigiotes, et de combines Acrates.
Les «terriens»: accapareurs ou détenteurs de terres. Au chapitre de cette voyoucratie terre à terre, les Nadal semblent porter la bannière. Famille tristement célèbre pour ses razzias sur de larges étendues de terre à Piatre, dans la zone de Montrouis; raids imputés à Olivier Nadal, ex-président de la Chambre de Commerce et d'Industrie et qui se sont soldés par le massacre de paysans réclamant ce qui leur avait été volé. Les Auguste dont le nom est lié aux établissements Valerio Canez ne sont pas «minces» non plus pour leur réputation de grandons. Ils sont propriétaires de plusieurs centaines de carreaux de terre allant de la zone de Tabarre à la Plaine du Cul-de-Sac. Leur richesse grandonienne remonterait à leur grand-père Tancrède Auguste impliqué dans le «Procès de la Consolidation».
Le monde des «terriens» compte aussi dans ses rangs les Brun apparentés à l'ancien président Louis Borno, ce qui serait, semble-t-il, à l'origine des nombreuses terres qu'ils possèdent. En fait, et selon Santinèl, ils en ont tant qu'ils ont vendu à l'Etat haïtien 40 carreaux de terre pour la rondelette somme de 40 millions de dollars américains, soi-disant pour reloger les sinistrés du tremblement de terre sous les tentes. Depuis, ces victimes du séisme de janvier 2010 ne parlent que de Monsieur Nad et de madame Marinade. Au Morne Calvaire et dans les hauteurs de Canapé Vert, le groupe Jaar posséderait plus de quinze carreaux de terre, bien entendu tombés du Ciel de cotes mal taillées.
Dans ce domaine des accapareurs de terres, les bandes à Boulos et à Madsen se sont taillé pas mal de juteuses affaires. Aujourd'hui, ils sont propriétaires de «yon bann tè nan peyi a». Selon Santinèl, la mafia Coles aurait volé beaucoup de terres aux riverains de Tabarre. De concert avec les équipes Baussan et Auguste (Valerio Canez), ces mafieux auraient servi de courtiers, d'entremetteurs à l'ambassade américaine pour l'acquisition sans doute frauduleuse, à Tabarre, du terrain où a été construit leur nouveau local. A ces décherpilleurs de terres ajoutons les Gardère qui possèderaient «anpil tè laplèn sitou dèyè Damyen», selon Santinèl.
Sans oublier le grand dappiyanpeur Mevs qui, associé à Duvalier, a acheté la Hasco et en a profité pour dappiyanper les meilleures terres de la Plaine du Cul-de-Sac mises à la disposition du flibustocrate par l'Etat duvaliériste. Après 1986, Mevs a démantelé l'usine Hasco jetant sur le pavé des centaines de travailleurs et des centaines de paysans qui approvisionnaient la Hasco en canne à sucre. Et puis, devinez. L'animal s'est mis à importer du sucre.
Les pillageurs «constructeurs». Le clan Vorbes est connu pour la construction de routes grennsenk, routes pèpè qui ne durent que le temps de leur inauguration. Ces activités pèpètes sont aussi le fait des Bonnefil. Sur la route de l'aéroport, ils vendent du matériel de construction et des équipements lourds sans doute en association bras dessus bras dessous avec les Vorbes. Avec les Brun et leur compagnie Batimat fleurit le commerce de matériaux de construction. Ils dament le pion aux Flambert et aux Matteis, eux aussi «constructeurs» amassant de rondelettes fortunes sur le dos de la population. Dans les années 80, les Brun avaient investi dans la compagnie Tecina, la deuxième plus grosse compagnie de construction du pays.
Les insatiables monopoleurs. Selon le dictionnaire consulté, on les appelle aussi monopolistes, monopolisateurs, monospoliateurs, monoprofiteurs, monospéculateurs, monoparasites, monotrafiquants. Avant 1986, l'équipe Nadal fut un gros importateur de produits alimentaires avec le monopole de produits tel que le lait Carnation en conserve. Sous Duvalier, le clan Coles avait quasiment le monopole des supermarchés. Les piratocrates Cassis ont le monopole de plusieurs produits alimentaires tels le hareng saur, les conserves V8. Quant au clan Deschamps, il est le détenteur du monopole de tout ce qui est matériel d'imprimerie en rapport avec les élections, sans oublier nombre de livres de base de l'enseignement primaire.
Les concessionnaires-requins. La mafia Brandt importe et vend des véhicules de marque International et Mazda. Ils en louent aussi à des tarifs quasiment prohibitifs. Le groupe Jaar, représentant de la compagnie Universal Motors, est un concessionnaire pour les voitures Nissan qu'ils vendent et louent. Se tèt nèg. A ce groupe requinard, il faut ajouter la bande à Moscosso. Ils tiennent boutique sur la Route de l'aéroport où ils vendent des voitures et camions Isuzu. Requinant dans les mêmes eaux troubles Moscossotes on trouve aussi la famille Saliba. Le long de cette même Route de l'aéroport requine la Behrmann Motors du groupe Behrmann, concessionnaire de voitures de différentes marques : Kia, Audi, Mitsubishi et Volkswagen.
Les cabotards. Entendez par là les flibustocrates qui s'adonnent aux activités de cabotage sous une forme ou sous une autre : le groupe Madsen, les piratocrates Baussan. Ces derniers sont dans le business depuis les Duvalier. Apparemment ils auraient le contrôle du port de Port-au-Prince dans le cadre de l'APN qu'ils auraient kidnappée, ce qui ne les a pas empêchés d'amarrer leur saucisse avec la bande à Coles au sein d'une certaine agence maritime créée pour les rendre encore plus riches.
Les «maquiladoriens», les créateurs de maquiladoras ou sweat shops ou ateliers de misère, adeptes de zones franches et de parcs industriels. Ils disent que leurs chantiers de désespoir donnent du travail à des centaines sinon des milliers d'Haïtiens. Mais dans quelles conditions ? A l'avantage de qui ? Oui, il y avait du travail à St.Domingue, plein de travail, mais qui en bénéficiait ? La bande à Coles doit le savoir, elle qui possède, selon Santinèl, «plizyè faktori». La clique à Behrmann elle aussi doit le savoir qui «mete kanpe plizyè faktori pou yo jwenn dola vèt sou do ouvriye ak ouvriyèz yo».
On peut se rappeler le tollé au niveau du patronat et de la présidence de Préval quand il fallut augmenter le salaire minimum journalier à 200 gourdes, environ l'équivalant de 5 dollars US. Il était de 70 gourdes, soit 1,75 dollar US depuis 2003. Or, le travailleur moyen dépense plus de la moitié de son salaire rien qu'en transport et en repas au travail (Ayiti Kale Je, mai 2012). «Mais pour ce qui est du cynisme et du mépris à l'égard de ceux qui, par leur travail, les enrichissent, les Baker, les Apaid, les Coles et autres Sassine se posent là» (Lutte Ouvrière, octobre 2009).
Les «tout-terrain». Ce sont les bourgeois «entrepreneurs» qui se goinfrent de tout ce qui leur passe à la fois sous les crocs. Ainsi la clique Moscosso : en plus de ses pirouettes flibustocrates plus haut mentionnées, elle évolue sur le marché de la canne à sucre, du clairin, du riz pèpè et des pneus, neufs ou usagés. Ainsi la bande à Gardère bien connue pour son rhum Barbancourt, et qui achète des paysans la canne à sucre à des prix dérisoires, fabrique de la mosaïque, exploite des carrières de pierre et est un actionnaire «lourd» dans la CINA (Cimenterie Nationale S.A), nouvelle appellation de l'entreprise d'Etat Ciment d'Haïti sous évaluée par le Conseil de modernisation des entreprises publiques (CMEP) et liquidée par l'administration Préval pour un kraze.
Au tableau des «tout-terrain» figurent les Buteau. De leur chic restaurant Le Rond Point, au Bicentenaire, ils prennent de l'altitude en ouvrant dans les hauteurs de Pétion Ville deux hôtels-restaurants le Kinam I et le Kinam II. Ça ne leur suffit pas, ils se mettent à exporter des mangues. L'appétit venant en mangeant et... en manguant, ils deviennent actionnaires à la Unibank, tétélanguant avec les Baussan, et également actionnaires au sein des Distributeurs Nationaux S.A (DINASA), d'autant que « yo chaje ak ponp gazolin nan Pòtoprens», selon Santinèl. Viendra ensuite la construction du Karibe Convention Center, le dernier cri de l'industrie hôtelière, agrémenté d'une salle de conférence pouvant accomoder jusqu'à 1000 participants. Poussé toutefois par une akrèkté tout-terrain, Max Buteau sera mêlé, en 2005 à un [présumé]détournement de fonds estimé à quelque 4 millions de dollars US et lié à une transaction frauduleuse de riz Tchako, toujours selon Santinèl. Ah oui, nèg gen move mannyè.
Les magouilleurs-comploteurs lourds. Ce sont ces voyoucrates de la bourgeoisie des affaires et de l'argent qui de mèche avec la communauté internationale s'arrangent pour avoir leur président, leur Premier ministre, leurs ministres clefs et directeurs clefs (douanes, DGI, Banque centrale). Ainsi, c'est la famille Mevs qui, selon Santinèl, avait fait nommer Edouard Vallès Jean Laurent directeur de l'Administration Générale des Douanes (AGD) qui allait être déchouqué par Préval trois mois après son accession au pouvoir au profit de Jean-Jacques Valentin qui occupait la même fonction de 1996 à 2004 (Alter Presse, 7 septembre 2006).
Auparavant, la famille Brandt avait exigé que Jacques Fritz Kénol, un de leurs anciens employés et asòs à European Motors soit le ministre du Commerce, sous le gouvernement tèt bòbèch Latortue-Alexandre. Toujours selon Santinèl, le ministre des Finances Fred Joseph, entre 1996-2000, voulait seulement acheter des voitures Isuzu pour l'administration publique parce qu'il était de mèche, en konfyolo, avec les familles Saliba et Moscoso propriétaires d'Automeca. Quant à la famille Vorbes, elle s'est toujours faufilée pour nommer un coquin (ou une coquine) à elle au Ministère des Travaux Publics, Transports et Communications (TPTC), ou comme directeur du Centre National des Equipements (CNE).
Le kidnappeur. C'est avec beaucoup de surprise, de honte et de peine que la famille Brandt a dû apprendre le rôle crapuleux (présumé) d'un des leurs, en l'occurrence Clifford, dans des activités criminelles et déshonorantes de kidnapping. Personne dans ce sérail voyoucrate n'était encore descendu– jusqu'à preuve du contraire – à un niveau aussi abject, criminel et méprisable. Espérons que Clifford sera amené devant ses juges et déballera tout le paquet.
En tout état de cause, indépendamment de leurs activités flibustardes respectives visant le gain maximum, il faut reconnaître à tous les secteurs de cette bourgeoisie piratocrate un monopole commun, celui de la violence. Le massacre de Piatre, les répressions sauvages par militaires ou policiers interposés, les deux coups d'Etat de 1991 et 2004, en dernier lieu le kidnapping des jeunes Moscosso par le réseau de Clifford Brandt, pour ne citer que ces actes de flibustards, sont là pour en témoigner.
Désormais, quand on parle de kokorat, on saura qu'il en existe tirés à quatre épingles, jouissant de scandaleux privilèges, roulant dans de luxueuses cylindrées 4X4, habitant les hauteurs «là où la poussière ne vous bouscule pas le nez», jouissant d'un luxe insolent. L'argent et le pouvoir leur sortent par le nez. Ils méprisent bourgeoisement et kokoratement les démunis même quand ceux-ci leur servent de bonnes, de garçons de cour et travaillent à s'esquinter dans leurs usines d'assemblage. Tant ils sont abjects dans leur insolence à traiter les autres de haut qu'il va bientôt falloir commencer à parler de kakarat et non plus de kokorat. Ce sera le salaire de leur honteux mépris pour les plus faibles, pour l'Etat haïtien, pour la nation.
Note. Le gros des informations utilisées dans cet article provient du journal Santinèl (Nos.5, 6,7, 8, 9, 10, 11, 12). Elles sont disponibles sur le Web.
Source: Haiti-LIberte

mercredi 24 octobre 2012

HAITI: APPEL POUR UNE CONFERENCE CONTINENTALE LE 1ER JUIN 2013 POUR LE RETRAIT DES TROUPES DE LA MINUSTAH D'HAITI

Aux organisations syndicales, politiques, populaires et démocratiques Aux travailleurs, aux jeunes, aux dirigeants et personnalités attachés à la défense de la liberté et de la souveraineté des peuples APPEL POUR UNE CONFERENCE CONTINENTALE LE 1er JUIN 2013, EN HAÏTI POUR LE RETRAIT D’HAÏTI DES TROUPES DE LA MINUSTAH Aujourd’hui, 11 octobre 2012, nous vous adressons cet appel depuis le siège de l’ONU, à New York, après un entretien avec M. William Gardner, haut responsable des affaires politiques de la division Europe-Amérique Latine et du département des opérations du maintien de la paix de l’ONU, et trois membres de son équipe : M. Patrick Hein, Mme Ekatrina Pischalnikova et M. Nedialko Kostov.
Nous sommes venus en délégation parce que nulle personne attachée à la défense des droits démocratiques les plus élémentaires ne peut accepter qu’une force multinationale d’occupation, sous le drapeau de l’ONU et le commandement de l’armée brésilienne, s’obstine depuis juin 2004 à maintenir sa présence sur le territoire haïtien. Et ce, exactement 200 ans après qu’en 1804, l’indépendance politique, la libération de l’esclavage, l’instauration de la république haïtienne aient été arrachées aux puissances impérialistes par la lutte sans merci des esclaves noirs. Nous avons présenté à M. Gardner les derniers documents d’un dossier préparé par le « Comité Défendre Haïti c’est nous défendre nous-mêmes », dont le siège est à l’Assemblée législative de São Paulo. Dossier qui fait état de la campagne internationale que nous menons depuis 2004 contre la présence de la MINUSTAH en Haïti, ainsi que des messages de soutien à notre délégation envoyés par des instances syndicales de nombreux pays des Amériques. Nous avons rappelé, notamment (*) : A - La délégation reçue le jeudi 25 août 2011 par M. Ugo Solinas, chef de l’observatoire sur Haïti, de la division Europe et Amérique Latine et du Département de l’ONU des opérations de maintien de la paix (DOMP, DPKO en anglais) et deux autres responsables aux affaires politiques du DOMP basés à Haïti : Mme Tatiana Auguste et M. Patrick Hein. Cette délégation avait présenté à l’ONU les résultats accablants de la Commission internationale d’enquête sur Haïti diligentée à Port-au-Prince du 16 au 20 septembre 2009. A cette occasion, M. Solinas avait reconnu que, nous soulevions « des questions et des préoccupations réelles. Ce sont certains des problèmes auxquels j’ai dû me confronter durant les quatre années où je me suis occupé des opérations de maintien de la paix au Congo. De toute évidence, les problèmes auxquels les Haïtiens sont confrontés sont également du domaine social et économique. Mais les opérations de maintien de la paix de l’ONU ont un mandat et un objectif très limités qui est d’aider à assurer un niveau minimum de sécurité afin que les institutions d’Haïti puissent être renforcées ». Cependant, le 15 octobre 2011, le mandat de la MINUSTAH était renouvelé. B - Le Meeting continental pour le retrait immédiat des troupes de l’ONU d’Haïti, le 5 novembre 2011, à São Paulo (Brésil), avec le soutien de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples, en présence de 600 personnes, venues de 12 états du Brésil, devant une tribune composée de militants haïtiens et de participants venus de sept pays dont les gouvernements sont engagés dans l’occupation d’Haïti - Etats-Unis, Bolivie, Argentine, Uruguay, France et Brésil - parmi lesquelles des représentations d’importants syndicats comme la centrale syndicale PIT/CNT (Uruguay), le Syndicat des mineurs de Huanuni (Bolivie), la CUT (Brèsil), appuyés par des messages de syndicalistes de l’UNETE du Venezuela, de la CTA-Capitale (Argentine), de la CGTP du Pérou, de syndicats d’Équateur et du Canada… Ce meeting a adopté l’ « Engagement de São Paulo » affirmant que : « Les troupes de la Mission de l’ONU pour la stabilisation d’Haïti - MINUSTAH sont responsables de la remise en cause de la souveraineté d’Haïti, de la violation des droits humains, des morts - ‘effets collatéraux’ d’un état de guerre perpétuel - de la répression des manifestations démocratiques, syndicales, étudiantes et populaires. Les soldats de la MINUSTAH ont introduit le choléra qui a déjà tué 6 000 personnes et en a contaminé plus de 300 000. Sur elles pèsent des accusations fondées de violence sexuelles et de viols de jeunes qui, comme d’autres crimes, restent impunis du fait de leur immunité légale. (…) Haïti a souffert d’innombrables occupations militaires. La dernière, en 2004, organisée par l’impérialisme des Etats-Unis avec la France et le Canada, a renversé le président élu à l’époque, Jean-Bertrand Aristide. Depuis, sous le masque de l’ONU, comme « mission de stabilisation », les troupes d’occupation et de police de 40 pays sont conduites par l’armée brésilienne.» L’Engagement de São Paulo appelait à poursuivre la campagne et, particulièrement à réaliser, le 1er juin 2012, une Journée Continentale d´action pour le retrait de la MINUSTAH. C - La Conférence caribéenne « Agissons ensemble pour une Haïti souveraine », « Dehors la MINUSTAH », qui a eu lieu à Vertières (Cap-Haïtien), les 16, 17 et 18 novembre 2011, à l’initiative de l’Association des Travailleurs et des Peuples de la Caraïbe (ATPC) et du comité de suivi de la commission internationale d’enquête, avec la participation d’organisations syndicales, politiques et du mouvement populaire des Etats-Unis d’Amérique, de France et de la Caraïbe, notamment de la Guadeloupe, de Trinidad et Tobago, de la Dominique, de la Martinique et d’Haïti ainsi que des représentants de l’Entente internationale des travailleurs et des peuples (EIT). Dans son communiqué final, la Conférence caractérisait la MINUSTAH comme le « bras armé de la domination impérialiste ». Et, elle faisait état de témoignages qui « ont permis de mieux comprendre la véritable politique de privatisation et de développement de zones franches, au profit des multinationales, imposant aux travailleurs un régime de surexploitation, sans droit de s’organiser, sans garanties sociales, hors des normes légales haïtiennes et des conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) ». Elle constatait que « la destruction de la production agricole nationale au profit des multinationales (par exemple, la production de riz). La couverture des besoins de consommation alimentaire de la population haïtienne par la production agricole nationale est passée de plus de 60 % à moins de 25 % en moins de 20 ans. Les témoignages nous ont permis de constater encore l’exploitation des ressources minières par des compagnies étrangères, un peu partout à travers le pays. Ce qui constitue une atteinte grave à la souveraineté de la première République noire indépendante ». D - La journée continentale de 1er juin 2012, pour le retrait immédiat de la MINUSTAH d’Haïti et la pleine souveraineté du peuple haïtien, a été marquée, en Haïti et notamment aux Etats-Unis, en Argentine, au Brésil, au Mexique, au Pérou, en Guadeloupe et en Martinique, dans d’autres pays de la Caraïbe, par de nombreux rassemblements, meetings et manifestations et par des entretiens avec des représentants des gouvernements au Brésil, au Pérou et en Argentine. Aucun d’entre eux n’a nié la nécessité de sortir d’Haïti. Lors d’une audience le 10 juillet 2012, le ministre des Affaires étrangères du Brésil, le pays qui détient le commandement de la MINUSTAH, a même déclaré : « Je pense qu’elle [la MINUSTAH] s’est déjà prolongée plus qu’il était souhaitable ». E. Le 3 septembre 2012, plusieurs organisations haïtiennes ont lancé un appel à une délégation continentale au siège de l’ONU, pour le non renouvellement des troupes de la MINUSTAH en Haïti. Ce 11 octobre 2012, au siège de l’ONU, nous avons aussi signalé à M. Gardner l’existence de nombreuses autres manifestations, marches et initiatives prises par des organisations ouvrières, démocratiques et populaires diverses qui exigent toutes le retrait des troupes d’Haïti. Et, nous avons souligné l’importance des récentes manifestations de masse qui ont eues lieu en Haïti les 29 et 30 septembre et le 6 octobre, combinant l’exigence du départ de la MINUSTAH et celles concernant l’emploi, le logement, la santé, la nourriture, l’arrêt de la corruption et le départ immédiat de Martelly. Sur la base de tous ces éléments et des interventions liminaires de cinq des membres de la délégation, Julio Turra (CUT-Brésil) - Sénateur Moise Jean Charles (Haiti) - Pablo Micheli (CTA-Argentine) - Jocelyn Lapitre (LKP-Guadeloupe) et Fignolé St. Cyr (CATH-Haiti), nous avons eu un échange avec M. Gardner et son équipe. Echange qui a mis en relief plusieurs questions, parmi lesquelles : - M. Gardner a déclaré que la présence de la MINUSTAH en Haïti était «légitime» dans la mesure où l’appel, au printemps de 2004, à l’intervention de troupes de maintien de la paix émanait du gouvernement haïtien de transition internationalement reconnu. La délégation a répondu qu’un «gouvernement» résultant d’un coup d’Etat militaire qui élimine le président démocratiquement élu et le kidnappe était tout sauf «légitime». - L’un des délégués a également souligné que l’occupation par la MINUSTAH constitue une violation flagrante de la Constitution d´Haïti de 1987 qui stipule, dans son article 263-1, qu’en dehors des Forces Armées d’Haïti et des forces de police nationale, « aucune autre force armée ne peut stationner sur le territoire national ». - M. Gardner a rétorqué que la présence de la MINUSTAH a, depuis, été approuvée par le Président «nouvellement élu» Michel Martelly. La délégation a répondu que lors de l’élection le 20 mars 2011, les troupes de la MINUSTAH ont assuré la sécurité et la logistique d’un deuxième tour illégal. L’élection était illégale parce que le Conseil électoral provisoire (CEP) n´avait pas légitimé les résultats du premier tour (le 28 novembre 2010) marqué par la désorganisation, la violence et la fraude pure et simple. L’élection était également illégale car un grand parti politique, avec une base de masse, qui s´était opposé au putsch de 2004 et à l’occupation (Fanmi Lavalas) s´était vu interdire la présentation de candidats à l’élection. - Le sénateur haïtien Moise Jean Charles a rappelé à M. Gardner que le 20 septembre 2011, le Sénat haïtien a adopté une résolution demandant au gouvernement de « Produire par devant le conseil de Sécurité des Nations Unies la demande formelle du retrait progressif, ordonné et définitif de toutes les composantes de la MINUSTAH dans un délai n’excédant pas un an soit au plus tard le 15 octobre 2012 ». Ce délai, fixé par le Sénat haïtien, est maintenant dépassé et oublié. M. Gardner a choisi de ne pas commenter ce refus par le Conseil de sécurité des Nations unies de tenir compte d´une résolution du Sénat haïtien. - Un délégué a rappelé à M. Gardner que, le 4 novembre 2011, plus de 5 000 Haïtiens rescapés du choléra et les familles des victimes du choléra ont intenté, en Haïti et à New York, une action contre l’ONU et la MINUSTAH, pour leur responsabilité dans l’introduction en Haïti des bactéries « vibrio cholerae » par les soldats népalais qui font partie de la force d’occupation militaire. Une pétition en anglais et en français a été remise au Chef de l’Unité de la MINUSTAH chargée des réclamations à l’aéroport de Port-au-Prince et au Bureau du secrétaire général Ban Ki-moon, à New York. Elle accuse l’ONU d´être « responsable de négligence, de négligence grave, d’insouciance et d’indifférence délibérée vis-à-vis de la santé et de la vie du peuple haïtien ayant causé des blessures aux pétitionnaires et des décès dus au choléra ». Cette pétition exige de l’ONU qu’elle accorde « une compensation financière aux pétitionnaires ; des mesures effectives pour prévenir la propagation du choléra ; une reconnaissance formelle de la responsabilité de l’ONU ; des excuses pour la responsabilité de l’ONU dans l’épidémie qui a sévi en Haïti ». M. Gardner a répondu que l’ONU n’est pas responsable de ce que les soldats de n’importe quel pays impliqués dans les « opérations de paix » peuvent faire ou ne pas faire et que le service juridique de l’Organisation des Nations Unies a été chargé d’étudier la question de l’indemnisation. Et, qu´il n´aurait donc pas d´autre commentaire à faire. M. Gardner a annoncé que le Conseil de sécurité allait bientôt prendre des mesures de réduction des troupes en Haïti, mais que le « mandat de maintien de la paix » se poursuivrait jusqu’à ce qu´un seuil de stabilité et de paix ait été atteint, du moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle en Haïti en 2015. La délégation unanime a dit à M. Gardner que lui et l’ONU prenaient les choses à l’envers. Elle a insisté sur le fait que le préalable à l’établissement de la paix et de la démocratie est le retrait immédiat de toutes les troupes de la MINUSTAH et les réparations pour les victimes de l’occupation. Revenant sur la situation en cours en Haïti, nous affirmons : Les manifestations qui se déroulent ces dernières semaines constituent de véritables soulèvements des masses, contre la vie chère et le gouvernement en place. Cartons rouges à la main, pour demander le départ du gouvernement, des travailleurs, des jeunes, des hommes et des femmes, ont défilé pacifiquement, sans incidents, en scandant « Non, jamais plus de coup d’Etat. Nous voulons un Etat démocratique en Haïti ». À Port-au-Prince, les manifestants pacifiques se sont vu barrer la route par la police haïtienne appuyée par des casques bleus de l’ONU. Plus que jamais, il est clair que c’est bien là la seule raison de la présence en Haïti des soldats la MINUSTAH : empêcher, au profit des multinationales, le peuple haïtien d’exercer ses droits démocratiques et sa souveraineté ! On ne peut pas plus prétendre que la MINUSTAH soit en Haïti pour « rétablir les conditions de stabilisation, de paix et de démocratie ». D’un bout à l’autre du continent américain, des syndicalistes, des organisations politiques et populaires, exigent le départ immédiat de la MINUSTAH et un arrêt immédiat de la répression par les forces de police du gouvernement Martelly et de la MINUSTAH. Mais, sourd à cette exigence, le Conseil de Sécurité de l’ONU vient une nouvelle fois, le 12 octobre, de renouveler le mandat de la MINUSTAH. Cela veut dire que le 1er juin 2013 débutera la 9ème année d´occupation. Après huit années, une année de plus ! C’est irrecevable. Nous ne pouvons l’accepter ! Travailleurs, jeunes, organisations syndicales et démocratiques, plus que jamais, l’heure est venue d’empêcher que cette situation se poursuive. Nous appelons dès maintenant à préparer une large et représentative Conférence continentale sur le mot d’ordre « Défendre Haïti c’est nous défendre nous-mêmes », qui aura lieu en Haïti, le 1er juin 2013. Au moment où arriveront les nouvelles troupes, les délégations de nos pays seront présentes sur le sol haïtien pour rejeter la présence de la MINUSTAH. Nous reprenons à notre compte les exigences de l’engagement de São Paulo, réitérées à l’issue de la journée continentale du 1er juin 2012 : - Annulation de la dette extérieure d’Haïti ! - Restitution des sommes payées ! - Remboursement des sommes extorquées au moment de l’indépendance ! - Réparations pour les familles des victimes du choléra et de violations des droits humains ! - Retrait immédiat des troupes de l’ONU d’Haïti ! Pour la réussite de la Conférence Continentale « Défendre Haïti c’est nous défendre nous-mêmes » , le 1er juin 2013, en Haïti ! En défense de la souveraineté de la nation haïtienne ! C’est au peuple d’Haïti de décider de son avenir ! New-York (Etats-Unis), le 12 octobre 2012 — Signatures de la délégation sur cet appel : Julio Turra, membre de la commission exécutive de la Centrale unique des travailleurs du Brésil (CUT) ; Moïse Jean Charles, sénateur (Haïti) ; Pablo Micheli, secrétaire général de la Confédération des travailleurs de l’Argentine (CTA) ; Jocelyn Lapitre, membre du LKP et de l’ATPC (Guadeloupe) ; Fignolé Saint-Cyr, secrétaire général de la Confédération autonome des travailleurs haïtiens (CATH) ; Geffrard Jude Joseph, directeur de la Radio Panou (Etats-Unis, New York, Brooklyn) ; Colia Clark, Guadeloupe-Haïti Campaign Committee (Etats-Unis, New York, New York) ; Alan Benjamin, Entente internationale des travailleurs et des peuples (EIT-ILC) (Etats-Unis, San Francisco, Californie), membre du comité exécutif de l’AFL-CIO de San Francisco ; Kim Ives, comité éditorial Haïti-Liberté (New York) ; Robert Garoute, MPDH, (Etats-Unis, New York, Brooklyn).
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